Le Procès du Cas-Sorry Fofana s’est poursuivi le 6 novembre devant la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief. L’ancien Premier ministre est resté à l’hosto, prétextant une maladie. Son procès va désormais se tenir dans son lit de « malade ».
Entre Ibrahima le Cas-Sorry Fofana et la Crief, c’est loin de finir. Alors que l’ex PM a une nouvelle énième fois boudé l’audience, la Chambre de jugement de la juridiction décide de passer à la vitesse supérieure. Comme le prévenu ne se présente pas à la Crief, c’est la Crief qui va désormais aller le juger dans son lit de malade à la clinique Pasteur, à Kaloum. La décision a été prise à la demande des avocats du prévenu : « Ce n’est pas par gaieté de cœur que mon client se trouve à la clinique. Il souffre d’une maladie grave qui nécessite une évacuation. Nous vous supplions de l’entendre à son lieu d’hospitalisation », déclare Me Sidiki Bérété. A défaut, il sollicite un sursis à statuer sur l’affaire Cas-Sorry jusqu’à ce que son client bénéficie d’une évacuation sanitaire. Mais la Chambre de jugement a préféré la première option. Au grand dam du parquet spécial près la Crief. Le pro-crieur spécial près la juridiction a demandé au juge de rejeter la demande de la défense et a sollicité le passage aux plaidoiries et réquisitions : « Nous sommes en face d’un prévenu qui ne veut pas être jugé. Il a écrit qu’il ne comparaîtra pas, c’est un refus de comparaître. Les gardes sont partis le chercher, il dit qu’il ne vient pas, qu’il est malade. Son comportement est de nature à défier la justice. Nous vous demandons de rejeter la demande de la défense et de renvoyer l’affaire pour les réquisitions et plaidoiries. »
Une demande partagée par la partie civile. Me Kalil Camara lui aussi estime que le prési du Conseil exécutif provisoire du RPG arc-en-ciel fait tout, pour fuir la justice. Le Cas-Sorry sera entendu le 19 novembre prochain depuis son lit de « malade ». Le juge veut ainsi vérifier s’il est vraiment incapable de tenir une audience à la Crief, comme le clament partout ses avocats (sans vinaigrette).
En juillet 2023, le juge, Francis Kova Zoumanigui, à l’époque prési de la Chambre de jugement de la Crief, avait fait la même expérience. Il s’est rendu à la clinique dans l’intention d’auditionner le Cas-Sorry. Mais à la place de l’accusé, c’est plutôt son médecin qui a parlé. Il a fait comprendre au magistrat que son patient, « en salle de réanimation », ne pouvait parler, avant de suggérer son évacuation. Mais le juge avait flairé une mise en scène. Il aurait constaté que la perfusion faite au Cas-Sorry Fofana ne fonctionnait pas, que le prévenu faisait semblant de ne pas pouvoir bouger ou parler. A voir si l’actuelle composition réussira là où l’ancienne a échoué.
La défense joue la montre ?
L’ancien Premier ministre est inculpé pour « détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux ». La justice veut voir plus clair notamment dans la gestion des fonds de la Mission d’appui à la mobilisation des ressources internes (MAMRI). Le prévenu et ses avocats rejettent les accusations et affirment que ces fonds n’étaient même pas disponibles au moment où il quittait sa fonction. Mais le parquet spécial jure qu’il est décidé à bloquer son procès. Il brandit comme argument la requête introduite par la défense devant la Chambre de contrôle de l’instruction qui concerne l’évacuation du prévenu à l’étranger pour des soins. Une sorte de procès dans un procès. Là aussi, le juge doit se prononcer le 12 novembre. Suffisant pour le mystère public pour se convaincre qu’Ibrahima Cas-Sorry fait tout pour sortir de taule, avant de se faire juger.
Yacine Diallo