La Cop16 biodiversité vient de se tenir à Cali (Colombie), du 21 octobre au 1er novembre. On a palabré, invectivé l’autre, proposé et élaboré des pourparlers. Puis, on est retourné tout bonnement dans son bled au frais duquel du beau monde a effectué souvent le périple qui s’apparente à une onéreuse villégiature.  

Depuis sa mise place, la Cop aborde toujours des défis et des enjeux à controverses, qui divisent donc et qui font objet de laborieux compromis. C’est pourquoi, Cop après Cop, on a l’impression de faire du sur place, de ne pas progresser. Cette année, à Cali, les Etats, parties prenantes, n’ont pas réussi à résoudre deux problématiques majeures, en l’occurrence le financement des stratégies visant à réduire l’impact des catastrophes (inondations, sécheresse), des dérèglements climatiques et la définition des indicateurs de performance permettant de mesurer les progrès réalisés pour atteindre les objectifs visés.

Au moment des discussions relatives à la question du financement, la présidence de séance a constaté que le quorum requis pour l’adoption du rapport n’existait plus, une masse critique de délégués s’étant débiné pour aller prendre l’avion, à l’aube. En effet, la clôture de la Cop16 ayant été  reculée, les discussions ont duré toute la nuit, ce qui a perturbé l’agenda des membres des délégations nationales à Cali et entraîné leurs départs précipités.

La grand’messe climatique a été close faute de combattants ou plutôt de pies. La présidence de séance a donc été contrainte de déclarer la clôture du Cénacle prématurément. A ‘impossible, nul n’est tenu.

La question du financement, sujet qui fâche, est ainsi renvoyée sine die. On en parlera sûrement (ou peut-être) à la Cop17 en Arménie, en 2026. La problématique des indicateurs n’a même pas été évoquée en plénière. Elle aussi, attendra les Calendes grecques !

Il y a quand-même une lueur d’espoir. Dorénavant, de la considération sera davantage accordée aux revendications des peuples autochtones, gardiens naturels et efficaces de la biodiversité. Ils seront intégrés, lors de la préparation et de la tenue des Cop, dans des structures de haut niveau au sein desquelles, ils auront l’opportunité d’exprimer et de défendre leurs opinions, eux qui appartiennent à l’écosystème de la biodiversité.

En dehors de ce clin d’œil fait aux peuples autochtones de l’Amazonie et du bassin forestier du Congo, la Cop16 sur la biodiversité à laquelle ont participé 196 Etats, déroulée sur fond de mésententes récurrentes, s’est achevée par un fiasco ubuesque. Pauvre humanité qui n’a pas su prévenir la pathologie environnementale et qui ne parvient pas, à présent, à y trouver la bonne thérapie.

Il faut rappeler que durant deux millénaires, l’homme a conservé la biodiversité, cohabité avec elle en symbiose. Puis vlan, vient, au 18è siècle, la révolution industrielle, caractérise par une boulimie possessive, sans précédent, portée par un modèle de consommation émergent, qui se répand comme une traînée de poudre dans le monde. Au fil des années, l’industrie manufacturière s’enfle comme un ballon de baudruche et pareil à un ogre, avale quantité de matières premières pour produire autant de biens. Alimentation, habillement, médicaments, moyens de locomotions terrestres, aériens, ferroviaires, maritimes, construction de bâtiments, de ponts et de routes, enfin toutes choses qui améliorent le mieux-être de l’Homme sont recherchées avidement et ôtées à la nature, puis transformées. Alors que l’exploitation des ressources naturelles détruit et réduit l’environnement, les usines et les moyens de transports, voraces en énergie fossiles (pétrole, gaz et charbon) produisent en surabondance des gaz à effet de serre responsables des dérèglements climatiques dont l’Homme s’efforce désormais de gérer les effets dramatiques par des mesures d’atténuation et d’adoption.

 Abraham Kayoko Doré