La préfecture de Mali (Guinée) et la région de Kédougou au Sénégal sont des voisins. Les deux bénéficiaient du même statut jusqu’à l’indépendance en 1958 pour la Guinée et 1960 pour le Sénégal.
■La préfecture de Mali :
Elle a été de 1958 à 1984 une région avec 13 arrondissements. A partir de 1984, elle devient une préfecture avec une commune urbaine et 13 sous-préfectures. Le district de Badougoula a été érigé en sous-préfecture (récompense électorale) par Alpha Condé.
⦿Infrastructures routières :
Mali est reliée à Labé par une route de 120 km qui vous oblige à faire 7 à 9 heures de temps en 4×4.
Pour aller de Mali à Kédougou au Sénégal, il faut au moins deux jours voire plus pour 120 km.
Onze des sous-préfectures de Mali ne sont joignables qu’à moto.
Pour parcourir les 540 km qui séparent Mali de Conakry, il faut près de 24 heures.
⦿Electricité :
Mali a goûté au courant électrique, mais en 2023, grâce au barrage hydroélectrique construit à Sambagalou sur le fleuve Gambie, à la frontière avec le Sénégal, par l’Organisation de la Mise en Valeur du fleuve Gambie (OMVG).
⦿Industrialisation :
Il y a à Mali du calcaire à ciel ouvert, de l’uranium, de l’or, du fer, de la bauxite… Le projet de la cimenterie de Lébékérin, lancé dans les années 70 a vu la construction d’une cité de plus de 30 villas de haut standing, des hangars, des garages, une route Boké-Lébékerin mais qui s’est arrêtée à Gaoual. Parce qu’après sa visite à Mali en 1977 accompagné de son ministre des Mines, Sékou Touré a décidé d’arrêter le projet et de le transférer à Conakry (Cimenterie).
⦿Tourisme
Soixante-quinze sites touristiques sont répertoriés dont l’emblématique Dame de Mali. Tous en friche.
⦿Agriculture et artisanat :
Les agriculteurs, les éleveurs et les artisans de la localité travaillent dans des conditions pénibles et éprouvent d’énormes difficultés pour écouler leurs produits.
⦿Transport des personnes et des biens :
Entre Mali et la frontière du Sénégal, le calvaire des voyageurs est légendaire. La nationale n°9 (Mali-frontière), abandonnée depuis 1977, est devenue impraticable. Les populations se sont créé à la main une piste. Le voyageur de Mali à Kédougou trouve son bonheur à 10 km après la frontière, la route est bien faite et entretenue.
Le projet de bitumage de la route Labé-Mali-Kédougou a été initié en 1996 avec le financement de la Banque Islamique de Développement (BID). Les études de la route (classée Route de la CEDAO) dans les années 80 ont été pilotées par le Sénégal avec l’accord de l’Etat guinéen. Elles sont achevées depuis 2007. Ce projet a été saboté par Alpha Condé (2011-2020). Le régime actuel l’a relancé en 2021, il y a eu pose de la première pierre le 27 juillet 2024 pour le tronçon Labé-Mali.
La ville de Mali, après 66 ans de l’indépendance de la Guinée, n’a encore pas connu la couleur du goudron dont Guicopres est en train, depuis 2022, de se battre pour faire voir le 1er millimètre grâce au gouvernement du CNRD. Le même projet de 17 km de bitumage initié sous le régime du Général Lansana Conté avait fait, en 2012, sous la gouvernance Alpha Condé, l’objet d’une grandiose cérémonie de pose de première pierre. Malheureusement, ça s’est arrêté-là. Même le sac de ciment pris en dette dans la boutique du coin pour la pose de la première pierre reste impayé.
Au début des années 2000, une 4×4 faisait d’une heure et demie à deux heures entre Labé et Mali. Aujourd’hui, elle fait de 7 à 9 heures.
⦿Eau :
La ville de Mali a eu une muni-adduction d’eau dans les années 80. Le service est aussi médiocre qu’irrégulier pour cette ville située sur le « Château d’eau de l’Afrique de l’Ouest ».
■ La Région de Kédougou :
Dans les années 60, Kédougou était une préfecture. Elle a été érigée en région en 2008 avec trois départements: Kédougou, Salémata et Saraya.
⦿Infrastructures routières :
Cette région ne connaît d’enclavement qu’entre elle et la préfecture de Mali en Guinée.
Les rues de Kédougou ont connu le goudron en 1964 contre peut-être 2025 ou 2026 pour Mali, soit 62 ans d’écart.
En 1986, le tronçon entre le département de Kédougou et le chef-lieu de sa région Tambacouda connaissait déjà le goudron contre peut-être 2027 à 2028 pour Mali-Labé région de laquelle relève cette préfecture, soit 38 ans d’écart.
Tous les départements de la région de Kédougou sont reliés à leur chef-lieu par des routes bitumées.Toutes les autres collectivités de la région sont facilement accessibles avec des routes bien entretenues.
Kédougou est reliée à sa capitale Dakar depuis 1986, par une route bitumée. Le voyageur y paye 11 000 F CFA de transport pour 700 km sans la moindre surcharge tandis que le voyageur de Mali à Kédougou débourse 15 à 18 000 F CFA sur 120 km en véhicule ou en moto surchargés, sur une piste de calvaire.
©Electricité et eau
*En matière d’électricité, Kédougou a eu sa centrale thermique pour une alimentation en courant de 19 h à 1 h du matin depuis 1967. Depuis 1984, cette fourniture d’électricité se fait 24h sur 24 contre 2023 pour la ville de Mali, soit un écart de 39 ans. Entre avril et mai 2001, nous avons fait un séjour de 41 jours à Kédougou sans enregistrer la moindre coupure de courant ou d’eau, pourtant dans un pays Sahélien.
©Tourisme :
Les sites touristiques de Kédougou sont mis en valeur et drainent dans la région beaucoup de touristes qui contribuent beaucoup à rehausser le revenu des populations. Nous pouvons citer le parc de Niokolo Koba, les cascades, la malle au Trésor, le hameau Tanda de Dindéfello etc.
Le village de Dindéfello, devenu commune, est habité à près de 95% par des familles originaires de la Guinée et principalement de la préfecture de Mali. Quand en 2001 lors d’un séminaire international à Kédougou nous sommes allés à Dindéfello pour faire les études socioéconomiques du village en vue d’y installer une plate-forme multifonctionnelle composée de moulins, de décortiqueuses, de broyeuses etc., nous avons tous, au nombre d’une quarantaine de personnes, été hébergés au campement touristique du village qui employait déjà 15 femmes pour la restauration, la lessive, le linge etc. et 10 jeunes comme guides touristiques pour la visite dans différents sites touristiques mis en valeur (cascade, Malle du trésor, Hameau Tanda etc.
©Industrialisation
En matière de ressources minières, Kédougou dispose, entre autres:
De L’or dont l’exploitation n’a que très peu contribué à réduire la pauvreté des populations comme c’est souvent le cas dans beaucoup de pays africains d’ailleurs ;
De lithium;
De la bauxite ;
Du fer, etc.
En matière d’industries, il y a, entre autres:
La Sococim industries, la Sodifitex et le lycée Technique Industriel, tout cela contre rien dans la préfecture de Mali qui ne manque pourtant pas de potentialités exploitables.
©Agriculture et artisanat :
Les agriculteurs et artisans de Kédougou produisent et écoulent facilement leurs produits vers les lieux de commercialisation sans souci.
Cette comparaison dans quelques domaines entre deux collectivités voisines du Sénégal et de la Guinée nous permettra peut-être de prendre conscience du grand retard que nous accusons dans le développement de notre pays. Si le développement passe absolument par la route, selon les spécialistes, comment Mali enclavée de tous côtés et jusqu’au dernier hameau de la préfecture, pourrait rattraper sa voisine Kédougou qui dispose depuis longtemps d’infrastructures routières modernes praticables à tout point de vue et en toutes saisons. Heureusement une lueur d’espoir est née avec la relance par le gouvernement Guinéen actuel du projet de construction de la route Labé-Mali-Kédougou qui pourrait se terminer, peut-être, en moins d’une décennie.
Il convient de souligner que la construction de la route Labé-Mali-Kédougou a toujours été le fonds de commerce des politiciens qui sont toujours venus vendre des illusions aux pauvres populations de la préfecture de Mali, pour avoir leurs suffrages. Lors de la campagne présidentielle de 2015 par exemple, Alpha Condé est venu à Mali avec un de ses amis avocats sénégalais devant lequel il a promis aux populations qu’ils reviendront ensemble à Mali dans 5 ans pour que Maître Bounkounta Diallo constate que Mali a dépassé le Sénégal. Il avait promis de faire la route Labé-Mali-frontière Sénégal et de bitumer en même temps les rues de la ville de Mali. Après les élections qui avaient donné à Alpha Condé un bon score par rapport au passé, la route Labé-Mali-Kédougou qui occupait la 3ème place parmi les projets routiers à financer par la BID au Ministère des Travaux Publics, a été effacée de la liste.
Ibrahima Diallo,
Agent de Développement