Le dossier opposant l’État guinéen à Ibrahima Kassory Fofana a été évoqué le 20 novembre, devant la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief. L’ex PM et ses avocats ont brillé par leur absence. Ces derniers, par substitution, réitèrent la demande d’évacuation du prévenu avant tout procès.
A l’audience du 19 novembre, un juge de la CRIEF devait se rendre à la clinique où est hospitalisé Ibrahima Kassory Fofana, pour constater son état de santé et voir s’il est en mesure de comparaître. L’assesseur, Fodé Kadjali Keïta et la greffière, Aminata Touré, s’y sont rendus. Mais n’ont pratiquement rien obtenu. C’est le statu quo. Comme la première fois, cette nouvelle audience à l’hôpital a tourné court. Selon le procès-verbal d’interrogatoire, le juge a trouvé le prévenu alité, les yeux fermés, branché à un moniteur pour contrôler notamment ses mouvements cardiaques. A la salutation du juge, le président du Conseil exécutif provisoire répond du regard et de la gestuelle « avant de refermer les yeux ». Il ne répond à aucune autre question sauf celle concernant ce qu’il voudrait dans la présente procédure : « A voix basse, avant de refermer les yeux, il dit qu’il veut une évacuation sanitaire », explique-t-on dans le PV.
Le médecin du prévenu d’insister sur la situation sanitaire de son patient qui ne se serait « guère améliorée ». Ajoutant que Kassory Fofana était sous morphine et demande son transfèrement vers une structure plus spécialisée : « Je réitère mes conclusions dans les rapports déposés à la Cour. Il doit être évacué ».
Les avocats du prévenu ont boudé l’audience. Par substitution, ils demandent encore au président de la Chambre de jugement d’ordonner l’évacuation à l’étranger de leur client. Une demande « farfelue », rétorque le procureur spécial : « Il est toujours dans sa logique. Aujourd’hui encore, il a dit aux gardes pénitentiaires qu’il n’était pas en mesure de tenir l’audience. » Selon lui, Kassory et ses avocats jouent à la comédie : « Il ne parle pas, mais a eu le temps de demander son évacuation. Nous savons qu’il parle clairement. A la clinique, il préside les réunions avec ses avocats. Nous en sommes informés. » Aly Touré se dit convaincu que le prévenu, ses avocats et son médecin tentent de bloquer le procès : « La morphine, c’est pour endormir. Pourquoi lui injecter cette substance le jour de l’audience ? Ils se donnent en spectacle. » Il demande à la Cour de clore les débats et d’ordonner les réquisitions et plaidoiries. Mais le juge, Yacouba Conté a renvoyé l’affaire au 25 novembre, pour encore la comparution du prévenu.
Yacine Diallo