Du 11 au 13 novembre, au camp Samoréyah de Kindia, première retraite du goubernement, formé en mars dernier. L’internat est organisé par le Secrétariat général du goubernement, suivant les « orientations » du Prési de la Transition, le général d’armée Mamadi Doum-bouillant. Le Premier des ministres, Amadeus Oury Bah, a présidé le rencart.
Les ministres ne sont pas mis à la retraite, n’ont pas battu en retraite. Ils se sont retirés des embouteillages monstres de Cona-cris infesté de moustiques, d’ordures pestilentielles. Ils se sont retirés de leurs minuscules bureaux envahis par des visiteurs insatiables. Un séminaire, quoi ! Pour un repos doré dans le buisson de la ville des agrumes, précisément au Camp militaire de Samoréyah. Histoire de poser « les fondements du travail gouvernemental visant à renforcer l’efficacité de l’interministérialité pour une coordination optimale dans la conduite des politiques publiques ». Vous n’avez rien pigé, possiblement, la Cellule de Com du goubernement n’a pas le français facile. Sinon, elle a ajouté que le séminaire crée aussi « un espace d’échanges interactifs permettant d’évaluer les actions entreprises et de réajuster les stratégies en fonction de l’objectif principal : promouvoir une gouvernance efficace, transparente et innovante au service du développement. » C’est ce qu’on veut voir, non ?
A l’occasion, le PM, Amadeus Oury Bah, a indiqué que la rencontre offrirait « une opportunité de redynamiser la cohésion de l’équipe gouvernementale et de renforcer l’esprit d’équipe en vue de résultats concrets. Les discussions devront ainsi faire émerger des recommandations stratégiques à court, moyen et long terme », restitue la Cellule de Com. L’initiative s’inscrirait « en droite ligne de la volonté du chef de l’État, le Général Mamadi Doumbouya, de bâtir une Guinée résiliente, orientée vers un progrès durable et le bien-être des populations. » Ce qui n’est pas un hasard, tant des ministres se regardaient en chiens de faïence, de sorte que maints conseils interministériels n’ont pas été tenus. Le chef du goubernement l’a soi-même admis le 12 novembre, mais a déclaré que ce « malaise » est désormais un vilain souvenir : « C’est la première retraite depuis la formation du gouvernement en mars dernier, période durant laquelle le gouvernement a traversé de nombreuses épreuves. Grâce à Dieu, aujourd’hui, nous évoluons dans un climat plus serein. Ces trois journées sont une opportunité pour dresser le bilan, identifier ce qui a bien fonctionné et ce qu’il est nécessaire d’améliorer, afin que l’équipe gouvernementale soit véritablement capable de mettre en œuvre les instructions et les directives du Président de la République. Les enjeux sont majeurs, les défis lourds, et l’équipe gouvernementale doit se mobiliser et agir ensemble pour atteindre les résultats attendus. C’est pourquoi, il est crucial de faire le point, d’identifier les dysfonctionnements, et de redonner de l’élan pour que le Gouvernement soit plus dynamique et serein dans l’accomplissement de sa mission, en réponse aux aspirations des populations guinéennes. »
Des aigris ergotaient que les ministres se sont retrouvés à Kindia, pour peaufiner leurs stratégies visant à dribbler les opposants à la junte qui veut se maintenir au pourboire au-delà de 2025 et leur faire avaler des couleuvres . Mais vous avez bien lu les bobos du PM, il n’en est rien de tout cela. Ou bien ?
Balade sur le chantier du Voile de la Mariée
Le 12 novembre, des ministres, le PM en tête, se sont rendus au Voile de la Mariée, un site touristique à l’abandon et tombé en décrépitude. Le Moïse de la Culture et du tout-risque a fait de sa « réhabilitation » une priorité, comme il lui a été engagé par le Prési Doum-bouillant, qui en fait un de ses « projets prioritaires ». Les visiteurs ont été émerveillés, dit-on, au regard de l’évolution des travaux de réhabilitation et de construction de nouvelles infrastructures du site. Le PM en tête. Il a même balancé des fleurs à son ministre Moussa Moïse Sylla : « Je remercie d’abord le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme qui a eu l’amabilité de nous proposer de visiter le Voile de la Mariée pour constater l’avancée des travaux et, surtout, profiter de la belle nature que Dieu nous a donnée. C’est ma première visite ici, et je suis émerveillé par ce que nous possédons dans notre pays. Il y a tant de belles choses, et il nous appartient de les valoriser, de les entretenir et de les rendre encore plus attrayantes. Les responsables du chantier ont promis une finalisation pour le 15 décembre. Nous allons donc les encourager à respecter ce délai. Merci, Monsieur le Ministre, et bon courage à vous ».
Le Moïse de la Culture, du tourisme et de l’artisanat était aux anges de voir ses collègues sur son chantier. Il a distribué beaucoup de mercis : « C’est un honneur de permettre au Premier ministre, ainsi qu’à chaque membre du Gouvernement, de constater de visu l’évolution des travaux de ce projet présidentiel. Les travaux progressent, bien que j’aimerais qu’ils soient terminés dans les plus brefs délais. Toutefois, les réalisations en cours nous laissent espérer une avancée rapide, surtout après cette visite. » Selon lui, le « site exceptionnel, riche en histoire » aura été visité par le prési Ahmed Sékou Tyran, par de nombreux touristes aussi. En ces temps de changement climatique, le ministre Moïse a indiqué que le visiteur verra un Voile de la Mariée, valorisé « conformément à la vision » du Doum-bouillant. Un « site écotouristique, où nous nous efforçons d’intégrer des infrastructures touristiques respectueuses de l’environnement et de la biodiversité locale, incluant des espèces fauniques uniques. Les bâtiments en construction sont réalisés avec des briques stabilisées, limitant ainsi l’usage du béton, et nous privilégions les matériaux locaux, ce qui valorise également le contenu local. Ce site est un véritable modèle d’écotourisme. » Amen !
Fruit de la retraite
La ministress Pola Pricémou, la Rose des Postes, Télécoms et de l’Économie numérique, a fait un colt rendu du bilan des travaux, le 12 novembre : « Nous arrivons au terme des premières journées de cette retraite, qui constitue un moment stratégique pour l’action gouvernementale et la consolidation des liens. » Selon elle, ils ont posé les bases de leur objectif, exposé la situation, examiné l’efficacité de l’action interministérielle et « travaillé sur la conduite du changement ainsi que sur le leadership en constante évolution ». Même qu’ils ont « abordé le rôle de l’État de droit et son importance au sein de l’écosystème étatique », et les journées « s’achèvent avec la satisfaction d’avoir resserré les liens, de créer une synergie et de définir des voies de collaboration visant l’excellence et la pérennité de l’action gouvernementale. » Ramen !
Le ministre de la Fustige, garde des Sots, Yaya Kaïrabat-Kaba, a mis l’accent sur « l’intérêt manifesté par l’ensemble des ministres pour cet espace de dialogue ouvert et constructif ». Il est d’abord impressionné du cadre de leur internat au Camp Samoréyah qui l’a « favorablement impressionné ». Le campement témoignerait « des réalisations concrètes du CNRD sous la direction du Général Mamadi Doumbouya ». (Evidemment). « Cette retraite, ajoute le Kairabat-Kaba, nous a permis de revenir sur le travail accompli au cours des huit derniers mois. Les échanges entre les membres du Gouvernement, sous l’égide du Premier ministre, montrent que le Gouvernement n’évolue pas en autarcie. C’est une entité qui doit rendre des comptes, ce qui passe par l’identification et la correction des erreurs, ainsi que par une projection dans l’avenir. La solidarité gouvernementale est de mise, la concertation interministérielle est de mise ». Pourvu que ça perdure !
Le soutien des sages du Kania au Doum-bouillant
L’externat de Kindia a été une occasion pour les ministres, sous la conduite du PM, de rendre une « visite de courtoisie aux sages et aux autorités religieuses de Kania ». Le ministre Secrétaire général des affres religieuses leur a transmis les « salutations fraternelles » du Doum-bouillant, à qui ils ont renvoyé l’ascenseur en lui exprimant leur « gratitude » et leur « admiration pour les actions entreprises et celles en cours » sous sa direction, rapporte la Cellule Com, l’envoyé très partial dans le Kania.
Mamadou Siré Diallo,
envoyé spatial cloué à Cona-cris