Le dimanche 17 novembre, le général malien, Siaka Toumani Sangaré, a tiré sa révérence à Bamako, à 69 ans. L’info a été donnée par plusieurs confrères. Né à Sikasso en république du Mali, l’officier malien a été expert de l’organisation des élections en Afrique de l’Ouest notamment au Togo en 2015 et en Guinée, où en 2010, à l’entre deux tours de la Présidentielle, il a été président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), avec l’appui de la Francophonie.

Comme d’aucuns l’appelaient, le Général des élections a été aussi président du Réseau des compétences électorales de la Francophonie (RECEF).

L’expert malien en politique et administration électorales, Bréhima Mamadou Koné, également Docteur en Sciences Po, lui a rendu un hommage que nous vous proposons ci-dessous :

« Ce dimanche, 17 Novembre 2024, journée de deuil et de tristesse ! Le Général d’aviation Siaka Toumani SANGARE, n’est plus. Le Général des élections n’est plus ! Mon Général, nous n’allons jamais vous pleurer, vous pleurer serait lâche de notre part, car vous n’avez pas vécu inutilement. Votre carrière est riche d’expériences et d’enseignements, entre autres : Membre de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections du Mali (AIGE-Mali), Ancien Délégué Général des Elections du Mali (DGE-Mali), Ancien Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante de la Guinée (CENI-Guinée), Ancien Président du Réseau des Compétences Electorales de la Francophonie (RCEF).

J’ai connu le Général Siaka Toumani SANGARE, quand je faisais mes recherches doctorales sur la matière électorale par l’extrémisme de M. Djola FOFANA et de mon ami, le Colonel Boussourou DRAME, Secrétaire Général de l’AIGE, qui étaient tous en fonction à la Délégation Générale des Elections (DGE). Ma première rencontre avec lui, a lieu à son bureau, sis à la base ‘’B’’. Après les civilités, je lui ai dit que je faisais une thèse de doctorat sur les élections, il m’a dit illico presto, « jeune homme, ma porte est largement ouverte pour vous. Venez quand vous voudriez ; je serai toujours heureux de vous recevoir et de partager mes expériences avec vous, au besoin. Vous savez jeune homme, je suis tellement impressionné de faire votre connaissance, parce qu’il m’est arrivé rarement, malgré ma riche expérience en matière électorale, que des jeunes maliens viennent me voir, dans le cadre de leurs recherches universitaires. Je suis comblé de joie, et mon accompagnement ne fera pas défaut. » Effectivement, cela a été toujours le cas, tout au long de mes recherches doctorales sur le terrain, et même, pendant la rédaction de ma thèse, je m’y rendais fréquemment à la DGE, pour échanger avec le général, chaque fois que j’avais besoin de la documentation ou des questions qui dépassaient mon entendement. Malgré son calendrier chargé, sa disponibilité n’a jamais fait défaut.

Dans l’Histoire des commissions électorales au monde, le Général SANGARE, est le seul qui a été le Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) d’un autre pays, comme il fut nommé Président de la CENI en Guinée lors de l’élection du Président Alpha CONDE, pour sa première mandature. Après ces élections crédibles, transparentes et apaisées en Guinée, de retour au pays natal (Mali), à mon avis, le Général n’a pas été accueilli et récompensé par les autorités de l’époque, comme cela se devrait. Il aurait pu être célébré et récompensé par les autorités, comme le nouvel héros africain qui a sauvé la démocratie Guinéenne et les Guinéens de lendemains fébriles, à la suite des résultats des élections. D’ailleurs, son leadership, son expertise et sa crédibilité pour la bonne conduite des élections avait permis à la Guinée de connaitre un ordre constitutionnel normal aussi bien que sa stabilité sociopolitique et institutionnelle. Sous d’autres cieux, le Général SANGARE aurait été nommé Ministre d’Etat, en charge de l’administration du territoire, en guise de récompense pour ses mérites. Mais cela n’engage que moi ! Passons, cela est sans importance !

Le Général SANAGARE a-t-il commis la même erreur que bien d’autres cadres africains de toujours repousser à une date ultérieure la rédaction de ses mémoires ? La réponse est non ! Un jour, lors de nos échanges dans son bureau à la DGE, il me fit part de son « intention de finaliser ses mémoires ». Il me disait aussi qu’au cas où il n’aurait plus la force physique et intellectuelle de le faire, qu’il me « donnera les éléments de langage et de la documentation pour achever ses mémoires ». Mais nous n’avions jamais eu de temps ensemble pour faire une séance de travail sur la rédaction de ses mémoires. Papivore et têtu que je suis, à chaque fois que je rentrais dans son bureau à l’AIGE, je le lui rappelais toujours son projet de rédaction de ses mémoires qui le tenait à cœur. Malheureusement, la mort a finalement eu raison sur les ambitions du Général qui tenait vaille que vaille à finaliser son projet de mémoires devant servir de référentiel en matière électorale pour les administrations électorales en Afrique.

Le Général SANGARE, la bibliothèque vivante, l’expert incontestable des élections, a emporté avec lui, auprès de ses ancêtres des tonnes de savoir et de connaissance. Bref, la mort a mis fin au projet de mémoires du Général.

SAYA YE MAKARIBA YE

DOUGOUKOLO YE MIONTO GBANZAN YE.

Dors en Paix mon Général !

Puisse Allah vous accorder sa grâce divine ! Amen !

Bréhima Mamadou KONE, Docteur en Sciences Politiques

Expert en politique et administration électorales.