Les éléments du Groupement des Forces spéciales sont les auteurs du coup d’Etat du 5 septembre 2021. Mais ils ont renversé un homme affaibli par la pression de l’opposition politique et le FNDC, Front national pour la défense de la Consitution. Sans la détermination de ces adversaires coriaces, Alpha Condé serait encore à Sékhoutouréya. Ces organisations ont fait preuve de résistance pour s’opposer par tous les moyens au funeste projet de troisième mandant.
Entre autres actions menées par l’opposition contre le troisième mandat, la publication de la liste de tous ceux qui, Guinéens comme étrangers, constituaient le soutien du projet. Certaines personnes ont souffert de voir leur nom sur une telle liste. Selon Aliou Bah, président du MoDeL, Mouvement démocratique libéral, des étrangers, comme maître Bokounta Diallo, ont eu des remords après s’être retrouvés sur cette liste. C’est autant dire que l’opposition et le FNDC avaient mis en place une bonne stratégie de lutte efficace.
Cette stratégie devrait être rééditée, pour demander des comptes à ceux qui combattent pour obtenir avantages et privilèges au détriment de l’intérêt général. Le bras de fer en cours entre Alhoussein Makanéra Kaké et les membres de son parti constitue une évolution, voire une révolution. C’est peut-être le début de la fin de la « pagaille » à laquelle des soi-disant hommes politiques font et défont des alliances parfois contrenature au gré de leurs poches. Dans l’entendement de ces hommes caméléons, la politique est synonyme de mensonge, de trahison et de revirement spectaculaire.
Or, il n’en est rien. La politique est le plus noble que cette trilogie. Par définition, elle signifie la gestion de la cité. Généralement, les hommes politiques qui marquent l’histoire sont ceux qui, contre vents et marrées, restent fidèles à leurs convictions. De François Mitterrand à Laurent Gbagbo en passant par Abdoulaye Wade et même Alpha Condé, tous ont fait preuve de constance et de conviction. Sans compter Nelson Mandela qui a martelé sans cesse que sa liberté sans celle de son peuple n’en était pas une.
En Guinée, Alhoussein Makanéra Kaké, navigant entre le RPG et l’UFDG au début des années 2010, était jusqu’ici l’homme politique le plus transhumant. Sous Alpha Condé, monnayant espèce sonnantes et trébuchantes et poste de responsabilité contre soutien à son régime, Makanéra Kaké a montré que les cadres guinéens font preuve de légèreté lorsqu’il s’agit de poche ou de poste. Depuis, le phénomène continue de plus belle. Bien des citoyens ne comprennent pas que l’actuel Premier ministre, un des organisateurs de la manifestation du 28 septembre 2009 dont l’objet était le refus de la candidature d’un militaire, fasse aujourd’hui la promotion de la candidature d’un autre militaire.
A l’image de la liste des promoteurs du troisième mandat que le FNDC et l’opposition avaient dressé hier, il serait souhaitable aujourd’hui que des organisations de la société civile fassent un travail d’identification et de sanction contre les hommes dont la position varie selon des critères subjectifs ou mercantilistes. Autant la publication de la liste des promoteurs du coup d’Etat constitutionnel était opportune et pertinente, autant celle de tous ceux qui prennent les Guinéens comme un peuple précambrien est aujourd’hui une nécessité. C’est pour l’histoire.
Habib Yembering Diallo