Le 30 novembre, la Maison de l’Oralité Koumakan, sise au quartier Nongo, a servi de cadre pour la présentation de l’histoire d’Abdourahamane, prince du Fouta théocratique déporté aux Etats-Unis pendant l’esclavage. L’histoire est dénommée « Un prince parmi les esclaves ».

C’est une initiative de l’Ambassade des Etats-Unis en Guinée en partenariat avec la Maison de l’Oralité et du Patrimoine Koumakan. Durant une heure, Moussa Doumbouya alias Petit Tonton conteur et fondateur de la Maison de l’oralité et son équipe ont, dans une prestation scénique, raconté d’abord l’arrivée et l’installation des peuls au Fouta-Djalon, l’islamisation de la zone, puis les conquêtes ayant abouti à des victoires et à des échecs. Avant d’aborder l’histoire d’Abdourahmane, fils de l’Almamy du Fouta Ibrahima Sory mawdo au 18ème siècle. Abdourahmane a été capturé alors qu’il était allé avec sa troupe, sur ordre de son père, chasser des rebelles qui attaquaient les commerçants à la côte. Vendu comme esclave aux Etats-Unis, Abdourahmane, intellectuel, parfait connaisseur du coran, n’a jamais accepté sa condition d’esclavage. D’où sa lutte constante pour recouvrer sa liberté, qu’il a d’ailleurs acquise après 40 ans, grâce aux autorités marocaines et américaines. Malheureusement, il n’a jamais pu rejoindre Timbo, sa ville natale. Parce que décédé au Libéria où il avait été ramené avec d’autres esclaves libérés.

L’histoire du Prince Abdourahmane est à perpétuer, estime Alexander Hunt, chargé des affaires publiques à l’Ambassade des Etats-Unis en Guinée, présent à l’évènement. Parce que, dit-il, elle illustre la lutte universelle pour la justice, la liberté et l’égalité. « L’ambassade des Etats-Unis a voulu travailler avec la Maison de l’Oralité Koumakan, pour donner vie à une histoire époustouflante de Abdourahmane Barry, prince de Timbo qui a traversé l’océan pendant la traite des esclaves. C’est une profonde histoire qui relie les Etats Unis et la Guinée qui mettent en lumière les défis et cette histoire douloureuse à laquelle il faut faire face. Nous avons voulu travailler avec la Maison de l’Oralité, pour créer ce spectacle qui souligne les valeurs de la démocratie et des droits de l’Homme ». Le diplomate aimerait bien que cette histoire soit connue à travers la Guinée et des Etats-Unis, surtout dans le sud où a eu lieu cette histoire d’esclavagisme.

Auditoire conquis
En grand orateur, Petit Tonton a su émerveiller le public par sa prestation qui allie sonorité africaine, voyage musical et culturel, en racontant l’histoire. Un spectacle qui, pour lui, est « particulier », parce qu’il s’inscrit dans la mission qu’il s’est assignée, celle de la valorisation de la culture et du patrimoine. « Raconter cette partie de notre histoire ne peut que réconforter ma position de gardien de mémoire, de vulgarisateur de notre patrimoine culturel. En venant au conte, je me posais des questions sur mon engagement. Donc, raconter une histoire guinéenne, c’est le bonheur. Puisque déjà, je ne faisais que des contes africains et guinéens en particulier, mais raconter une histoire que nous n’avons pas le droit de modifier, de falsifier ou de retoucher. On peut y mettre une touche artistique pour la compréhension, pour rendre cela beau, créer des émotions ou en tout cas des sentiments. Mais, on est obligé d’être esclave de l’histoire, raconter l’histoire d’un ancêtre ne peut que me créer de la joie et du bonheur », a-t-il conclu.
Mamadou Adama Diallo
