Le 20 décembre, des geôliers ont rendu visite à Ibrahima Cas-Sorry Fofana à la clinique Pasteur de Kaloum. Le prisonnier malade a frôlé le rapatriement à l’Hôtel 5 étoiles de Coronthie.
L’horizon à s’assombrit pour Ibrahima Cas-Sorry Fofana. Le prési du Conseil exécutif provisoire du RPG arc-en-ciel, ancien parti au pourboire, a été autorisé à aller se faire soigner à l’étranger. Son évacuation sanitaire vers un centre spécialisé se complique. Au lieu d’exécuter l’ordonnance prise en sa faveur, le parquet spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), s’active à ramener le Cas-Sorry à l’Hôtel 5 étoiles de Coronthie. Le matin du 20 décembre, le Cas-Sorry a reçu une visite d’agents aux yeux aussi rouges que leurs bérets, déterminés à le cueillir de son lit de malade à destination l’Hôtel 5 étoiles de Coronthie. Cette injonction, selon son avocat (sans vinaigrette), viendrait du régisseur de la Maison centrale de Coronthie : « Ils sont allés le prendre pour le ramener à la Maison centrale. C’est le régisseur qui conduisait la mission, il avait un mandat. » Quel mandat ? Celui du parquet spécial près la Crief ? On peut répondre par l’affirmative. Le pro-crieur spécial, Aly Touré, a exprimé sa détermination à sortir le Cas-Sorry de sa détention VIP et de le ramener en taule près d’autres dignitaires du régime d’Alpha Grimpeur : « Il est sous mandat de dépôt, il doit être en prison », a-t-il pesté.
Flou autour du rôle du toubib
Si le Cas-Sorry Fofana est resté à l’hosto, c’est grâce à la ténacité de son médecin traitant. Celui-ci aurait, selon Me Sidiki Bérété, exigé des visiteurs un permis d’emmener en borgne et dure forme, pour être quittes de tout ce qui adviendrait à son patient en dehors de la clinique. Les visiteurs impénitents rebroussent chemin. C’est sans compter sur l’adversité du pro-crieur spécial. Aly Touré impute le non-retour du Cas-Sorry au gnouf à l’absence d’un fauteuil roulant : « Les gardes m’ont rapporté que son médecin a demandé un fauteuil roulant pour le faire descendre… Il va bientôt être réintégré à la Maison centrale ». L’un dans l’autre, les avocats du Cas-Sorry n’ont pas voulu s’associer à la démarche : « Ces agissements ne nous concernent point», martèle Me Sidiki Bérété.
Le régisseur se défausse
Les avocats de la défense sont convaincus qu’Aly Touré manipule les gérants de l’Hôtel 5 étoiles de Coronthie, pour extraire l’ex-PM de sa prison dorée. Ils accusent le régisseur d’avoir conduit la mission de cueillir le Cas-Sorry. Thierno Sadou Diallo, le régisseur de l’Hôtel 5 étoiles, balaie d’un revers de la main et dit ne rien connaître dans l’affaire : «Je ne sais rien de ce qui s’est passé.» Il était en formation à l’étranger et vient de regagner le bercail. Selon lui, les choses de la Maison centrale sont entre les mains du dirlo national des sévices judiciaires et pénitentiaires : «S’il y a eu mandat venant de la Maison centrale, c’est lui qui peut clarifier la situation». Le régisseur dit n’avoir pas encore repris son travail. Et toc.
Evacué, évacué pas ?
Les avocats (sans vinaigrette) pensaient avoir fait l’essentiel, en obtenant le OK de la Chambre de jugement de la Crief, pour l’évacuation à l’étranger de leur client. Visiblement, il leur reste encore du chemin à parcourir. Les agissements du parquet spécial montrent qu’Aly Touré n’est pas prêt à faciliter la sortie du territoire du Cas-Sorry. Le ponte du RPG arc-en-ciel et ses avocats (sans vinaigrette) tombent de haut. Pourtant, après l’ordonnance rendue par le juge Yacouba Conté en faveur du prévenu, la défense s’activait pour son exécution. De sources proches de la Crief indiquent que la défense du Cas-Sorry avait déposé à la juridiction la liste des centres spécialisés à l’étranger pouvant soigner leur client. Ils s’attendaient même à voir l’affaire évoquée à l’audience du 18 décembre. Mais le juge leur a gentiment indiqué qu’elle n’était pas inscrite au rôle. Ce rebondissement vient polluer leur démarche. L’attitude d’Aly Touré met-elle la pression au Cas-Sorry qui refuse de comparaître ? Aly Touré est-il toujours déterminé à ramener le malade au gnouf, malgré sa maladie ?
Yacine Diallo