La fin de la dynastie des Assad en Syrie le 8 décembre 2024 constitue sans conteste l’un des plus marquants événements de cette année. Celui qui a succédé à son père le 17 juillet 2000 a quitté Damas la queue entre les pattes. Les Syriens se sont livrés à des excès à la dimension de leur martyre de 24 ans. La tombe de Hafez El-Assad a été incendiée. Cela, pour un musulman, ne présage rien de bon, les écritures saintes nous apprennent que le ciel entend ce que dit la terre au sujet d’un homme qui rejoint l’autre monde. Malheureusement, pour le peuple martyr de la Syrie, le père mort et enfui le fils, la seule consolation demeure le jugement dernier.
D’autres peuples martyrs, oh combien, les Palestiniens leur unique espoir aussi de justice est en le jugement dernier. Les habitants de la bande de Gaza terminent l’année comme ils l’avaient commencée. Depuis la journée noire du 7 octobre 2023, ils vivent un véritable enfer sur terre. Devant l’impuissance voire l’indifférence du monde. Le monde arabo-musulman ne veut pas heurter celui qui finance, arme et entraîne Tsahal. Devant l’horreur qui se passe dans cette partie du monde, ni les Nations inutiles, ni la Ligue arabe ni la cour qui peine à l’international ne peuvent nous parler de droits de l’homme, de justice et de paix. Face à la folie de Netanyahu, dont l’objectif inavoué est de se soustraire à la justice de son pays, le monde a capitulé.
Selon les dernières statistiques fournies par le ministère de la santé du Hamas, près de 42 500 palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre 2023 et 110 000 autres ont été blessés. Et dire que la majorité de ces victimes sont des enfants, on comprend que la justice est tout simplement une toile d’araignée. Les grandes puissances, qui nous donnent des leçons de droits de l’homme et de démocratie, refusent jusqu’au droit de manifester à leurs concitoyens indignés de ce qui se passe à Gaza. Dans le vieux continent, et particulièrement en France, toute manifestation de soutien à la cause palestinienne est assimilée à de l’antisémitisme.
D’autres citoyens du monde confrontés à une guerre dont ils ne sont pas responsables sont les Ukrainiens. Bien sûr que la situation de l’Ukraine est différente à celle de la Palestine. La guerre ukrainienne est un conflit américano-euro-russe. L’entêtement de l’OTAN à s’installer à la porte de Poutine est à l’origine de ce conflit. Ici comme ailleurs, c’est le citoyen lambda qui paye. Le sabotage du réseau électrique ukrainien provoque de gigantesques coupures d’électricité dans un pays où, parfois, la température est en dessous de 0 degré. Même si les Palestiniens auraient préféré la neige à la pluie des bombes, cette autre situation interpelle la conscience collective.
Paradoxalement, le come back de Donald Trump à la tête du pays de l’Oncle Sam pourrait contribuer à ramener la paix en Ukraine. Connu pour ses accointances avec Poutine, si Trump met fin à l’aide militaire à l’Ukraine, qui se chiffre à près de 85 milliards d’euros. Volodymyr Zylesky verra son rêve d’une Ukraine membre de l’OTAN voler en éclats.
L’événement marquant de l’année 2024, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. La diplomatie mondiale attend anxieusement le tournant 20 janvier 2025, de l’investiture du nouvel ancien président yankee. Avec son obsession de America First, dopée à la légitimité populaire, Donald Trump pourrait fouler au pied les règles basiques de la diplomatie mondiale. L’Europe demeure dans l’expectative. La Chine se tient prête à se défendre dans l’inévitable guerre commerciale qui sera déclenchée contre elle. Et paradoxe des paradoxes, le vieil ennemi Popov, applaudit. Il ne pouvait avoir meilleur cadeau de fin d’année que l’élection de celui à qui il est accusé d’avoir prêté main forte par le passé. Même s’il en va des chefs de deux ex blocs, comme de deux coépouses : l’amitié est possible, la confiance monte à jamais.
Et l’Afrique dans tout cela ? Avec le virus des putschs militaires, certains chefs d’État du continent avaient entamé l’année dans la psychose. A Bissau, Banjul, Freetown, Abidjan pour ne citer que l’ouest du continent, les chefs ont entamé l’année avec un véritable marathon nocturne. Changeant régulièrement de domicile pour éviter le sort de Condé, Bongo, Bazoum et tous les autres. L’alternance sénégalaise a sans doute émoussé les velléités des treillis. Ils savent que les peuples s’observent, s’envient les uns les autres. Pendant que Dakar célèbre la victoire des urnes, on verrait mal à Banjul ou à Bissau magnifier les armes.
L’Afrique achève 2024 sur l’alternance au Ghana. Preuve, s’il en était besoin, que le continent noir n’est pas apte qu’au pire, il peut s’illustrer dans le meilleur. Malheureusement, les violences post-électorales en cours au Mozambique mettent le bémol. Elles n’en constituent pas moins un avertissement pour les pouvoirs à se vouloir à vie.
Habib Yembering Diallo