Tels des gamins de la rue, deux anciens ministres du Prési Grimpeur se livrent à un combat de Titans sur les réseaux sociaux. Aurait mis le feu aux poudres, un papier du journaleux Habib Marouane Camara. Le frérot de P’Tit-Bout Kamara trempe sa plume dans le vitriol : «Le déshonneur est le seul héritage que Makanéra pourrait léguer… Le tonneau national peine désormais à faire du bruit qui pourrait faire écho dans l’opinion».
Le concerné voie la main de l’aîné derrière le brûlot du cadet. Ses adversaires, supposés ou réels, attribuent à Tibou les papiers de son petit frère. Pour répondre à l’ancien conseiller d’Alpha Grimpeur, Makanéra Kaké, cette grande gueule, a sorti son arme favorite : sa bouche. Il martèle que tout le monde peut lui faire la leçon de transhumance politique, excepté Tibou Kamara. Celui-ci, détaille M. Kaké, fut en même temps l’ami du Président et de l’opposant de ce dernier. Makanéra préfère rire à pleurer de qui a été de tous les goubernements qui se sont succédé en Guinée depuis 2006, mais qui lui reproche de manger à tous les râteliers.
Réponse du berger à la bergère. Cette fois c’est Tibou en chair et en os qui se livre, lui aussi, à son exerce favori. L’homme à la plume assassine ne rate pas l’ancien allié du RPG. Il le traite de «rebut de la société, dépouille politique et dépotoir de la morale». Dans un texte relativement court, il indique que ces mots ne sont que la fumée. Promettant à Makanéra la réponse proprement dite plus tard.
L’empoignade entre Tibou Kamara et Makanéra Kaké dont les réseaux sociaux font les choux gras, ce débat de caniveau promet. Chacun excelle dans son art. Le premier a pour lui l’écrit. Le second, la bouche.
Certains acteurs politiques et sociaux, invités à mon émission «Eclairage» à la radio Soleil FM, trouvaient impossible de débattre avec Makanéra.
Pour l’heure, les deux protagonistes se battent et débattent sur la forme. Tibou estime qu’il ne débat point avec un homme qui n’a de niveau. Le petit-frère vole au secours du grand-frère pour des leçons de français administrées à Makanéra Kaké. Celui-ci, pas homme à tendre la seconde joue, martèle que l’ancien ministre secrétaire général à la présidence de la République n’a pas de diplôme. A l’opposé, lui, le surdoué, a sauté plusieurs classes.
Les deux hommes doivent reconnaître qu’en matière de cohérence et de conviction, ils sont loin d’être une référence. Appartenir à des gouvernements que tout oppose, ce n’est pas un problème.
C’est selon. Mais une ruse et une subtilité dont seuls certains hommes détiennent le secret. Le problème, pour l’ancien journaleux, est de n’avoir point emboîté le pas à ses collègues Khalifa Gassama Diaby, Abdoulaye Yéro Baldé et Cheick Sako, quand a décidé le prési Grimpeur de ne quitter Sékhoutouréya que pour le cimetière de Kameroun.
Quant à Makanéra Kaké, qui dit tout haut ce que beaucoup murmurent, il incarne l’image de l’homme pour qui seuls le poste et la poche comptent. Voilà comment nos élites se comportent, s’insultant comme des gamins de la rue. Le vocabulaire de l’un comme de l’autre ne relève pas le débat. Le vrai débat doit porter sur ce qui pousse Makanéra Kaké à soutenir Mamadi Doumbouya. Si Makanéra flétrit le fait que Tibou soit l’ami de l’opposant Cellou Dalein tout en étant ministre d’Alpha Condé, il faut souligner que lui également pourrait se retrouver dans une situation similaire, voire pire. Son enfant, qui porte le prénom d’Ibrahima Kassory, pourrait lui poser cette question un jour : « Papa, pourquoi tu as soutenu celui qui a emprisonné mon homonyme ?»
Le moins que l’on puisse dire est que les convictions de nos cadres sont à l’image d’une girouette. Makanéra nous dit que Tibou n’est pas diplômé. On pourrait lui rappeler que si nos
pro-fossoyeurs de constitution Zogbélémou et Condé ne nous avaient pas imposé un troisième mandat, il est fort à parier que le 5 septembre 2021 aurait été une date comme une autre.
Habib Yembering Diallo