Le procès d’Ibrahima Kassory Fofana a repris ce mardi 31 décembre devant la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief. L’ancien Premier ministre qui attend toujours son évacuation, est sommé de comparaître le 7 janvier.
Après la récusation du juge Yagouba Conté, la Chambre de jugement de la CRIEF ne perd pas du temps dans l’affaire Ibrahima Kassory Fofana. Son procès, prévu initialement le 6 janvier prochain, a été ramené à ce 31 décembre par la nouvelle composition. Comme à l’accoutumée, l’ex PM n’a pas daigné comparaitre, laissant le soin à ses avocats de faire entendre sa voix. Ceux-ci ont insisté sur la nécessité de faire exécuter l’ordonnance qui a trait à l’évacuation de leur client : « Kassory ne peut pas se tenir debout. Il lui est difficile de comparaître devant cette Cour. Kassory n’a pas de souffrance morale pour dire qu’il ne réfléchit pas ou qu’il ne raisonne pas. Il a plutôt des souffrances physiques. Il est permanemment allongé », explique maître Dinah Sampil.
Pour le ministère public, cette stratégie de la défense de Kassory Fofana ne peut pas tenir la route. Le procureur spécial près la Crief utilise Amadou Damaro Camara, ex-président de l’Assemblée nationale, pour flétrir l’attitude de Kassory : « La défense dit que M. Kassory Fofana n’a pas de souffrance morale. Il n’a que de souffrance physique. M. Amadou Damaro Camara était malade. Mais lui, il est venu ici à la barre. C’est ici qu’il est resté assis pour répondre des faits à lui reprochés. Cependant, il n’était pas bien portant. On peut dire tout sur lui, mais il est venu ici, il s’est défendu. Si M. Kassory Fofana ne comparaît pas à la prochaine audience, la Cour que vous représentez devra appliquer les dispositions de l’article 484 du Code de procédure pénale et prendre sa décision. »
Le juge Lansana Soumah décide finalement de renvoyer l’affaire au 7 janvier prochain pour la comparution du prévenu. Ce qui ne risque sûrement pas d’arriver, tant Kassory et avocats sont décidés à mettre des bâtons dans la roue des juges.
Me Dinah relève une « contradiction » dans la décision de faire comparaître un prévenu malade : « Le droit n’est pas en train d’être dit dans ce dossier. On est en train de nous noyer, de tourner en rond, de remplacer les virgules par les points-virgules. On venait pour reconduire la décision qui avait été prise allant dans le sens de son évacuation. En lieu et place de tout cela, c’est plutôt l’audience sur le fond qui a été appelée. Cette audience sur le fond, à notre sens, aurait dû attendre que les mesures provisoires entreprises soient au moins exécutées. Puisque l’audience au cours de laquelle il a été décidé de faire évacuer Kassory a constaté, pièce à l’appui, que le monsieur était malade. Alors, quand on laisse sa maladie de côté pour venir se soucier de sa comparution, ça nous paraît paradoxal. »
Le 11 décembre, la Chambre du jugement de la Crief, après un constat sur l’état de santé de Ibrahima Kassory Fofana, avait ordonné son évacuation dans un centre spécialisé. A l’allure où vont les choses, cela n’arrivera pas de sitôt. L’ancien Premier ministre d’Alpha Condé est poursuivi depuis avril 2022, pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux.
Yacine Diallo