C’était dans les tuyaux, c’est désormais effectif : les occupants « illégaux » du port de pêche de Dixinn ont été déguerpis. L’opération a démarré dans la soirée du 13 décembre. Elle s’est poursuivie ce 14 décembre. Elle se déroule sous la supervision de la police, de la gendarmerie et de l’armée, malgré la détermination et l’opposition des occupants devant la hargne des hommes en tenue et de leurs pelleteuses. Le site est réduit en tas de gravats. Le principal bâtiment sous lequel les femmes fumaient le poisson et les abris de fortune sont démolis. Un bâtiment appartenant à l’Agence nationale d’aménagement des infrastructures minières et une cour en ont aussi fait les frais.
La tension est palpable sur les lieux. Les déguerpis, tenus à l’écart, réunissent, le long de la corniche-nord, ce qu’ils ont pu sauver. Le port est bouclé par deux véhicules de flics et de pandores, qui permettent à des jeunes d’y entrer pour ramasser morceaux de fer, tôles, bois. Pendant ce temps, s’effacent les dernières traces du bâtiment et des baraques, deux camions chargent les gravats.

Vendredi 13 décembre, plus de 100 personnes ont été interpellées, la plupart des étrangers. Selon le chef de l’unité de police qui surveille l’opération, une quarantaine d’entre eux serait déjà devant la justice. Les autres, « des étrangers, sont déjà expulsés. Ils ont été ramenés chez eux », martèle-t-il. Le flic jure que l’opération ne vise pas spécialement des ressortissants d’une certaine nationalité, mais ceux qui ont transformé ces débarcadères en lieux de banditisme : « Aucune nationalité n’est visée. Nous démentons des zones bien précises, non des concessions. Il n’y a aucune différence entre un Guinéen et une autre nationalité. Celui qui est trouvé sur ces lieux est immédiatement mis aux arrêts », insiste-t-il.
Pas de port, promesse non tenue
A la première descente au port de Dixinn le 10 décembre, le secrétaire général de la commune de Dixinn a fait croire aux femmes que le déguerpissement ne concernerait que les bâtiments mal construits. Il ne reste plus rien, après le passage des machines. Tata Camara, représentant des fumeuses de poissons, regrette la promesse non tenue : « Nous déplorons ce qui s’est passé ici, il n’y a plus rien à Dixinn. Maintenant, nous n’avons ni maisons ni lieux de travail. La mairie nous a trompés. » Elle espère néanmoins revenir un jour, continuer son activité : « C’est ici que nous connaissons, qu’ils nous construisent un port moderne, afin qu’on fasse tranquillement notre travail. » Cela ne risque pas d’arriver de sitôt tant les autorités sont décidées à faire revenir ces lieux dans leur escarcelle.
Yacine Diallo