Mercredi 18 décembre, à  l’occasion de l’an 1 de l’explosion du dépôt principal de carburant de Kaloum, les sinistrés ont organisé une journée de prières et de recueillements à la mémoire des morts, à  la mosquée du quartier Coronthie, plus impacté par l’incendie. Hommes, femmes et enfants ont imploré Dieu, pour que cela ne se répète plus en Guinée. Ils ont souhaité être rétablis dans leurs droits.

Mamoudou Cifo Ketouré, président du Comité des sinistrés de l’explosion, a indiqué que pour commémorer l’an 1 de l’explosion « la plus grave de leur histoire » de la Guinée, le Comité a jugé nécessaire d’organiser ce moment de prières et de recueillements pour la mémoire des disparus. Il ajoute que les sinistrés ont passé un an de tristesse, un an de déception. « Nous considérons que nous sommes les oubliés de la République. Parce que quand le gouvernement est le premier à crier au scandale en disant qu’il s’agit d’un présumé incendie criminel, une thèse que nous soutenons aussi, nous ne comprenons pas pourquoi jusqu’à ce jour on ne peut pas nous parler d’enquête. Or, c’est la toute première mesure prise après les premières heures de l’explosion de ce dépôt. Alors, nous attendons jusqu’à ce jour cette enquête pour situer les responsabilités ; faute de quoi, nous ne parlons pas du relogement, du recasement ».

Les sinistrés soupçonnent le gouvernement de vouloir spolier leurs domaines, toute chose que Ketouré refuse : « Nous n’habitons pas un domaine de l’Etat, il s’agit d’un domaine dont nous sommes les propriétaires exclusifs ». Il reconnaît tout de même que les sinistrés ont reçu des vivres et de l’argent, suite à la chaîne de solidarité qui s’est manifestée le lendemain de l’explosion. Le président du Comité des sinistrés déplore la non-remise des milliers de tonnes de ciment, de feuilles de tôle, pour la reconstruction de leurs maisons. « C’est comme si, on nous prive de nos abris. C’est comme s’il y avait une volonté nette de spoliation de nos biens. Parce qu’en lieu et place d’enquête, on nous parle chaque fois du relogement. Est-ce que nous avons besoin du relogement ? Non ! C’est vrai qu’il y a quelques rares concessions qui n’ont pas terminé, mais il y a d’autres qui ont avancé, qui sont dans la finition. Donc, nous n’avons pas besoin de relogement. Nous voulons qu’on aille à l’enquête, que l’enquête aboutisse. Tout ce qui a été mobilisé a été géré dans une opacité sans pareil. Parce que nous ne connaissons même pas le Comité de gestion de crise. Nous n’avons pas reçu d’enquêteurs. C’est l’État qui donne les vivres à qui il veut, comme il veut, quand il veut. Et même les sous qu’on remet à ses locataires, c’est pour leur dire de libérer leurs concessions… »

Les zones d’ombre qui entourent l’explosion du principal dépôt de carburant de la Guinée sont loin d’être éclairées…

Ibn Adama