Ibrahima Kassory Fofana n’a pas daigné comparaître à l’audience de ce 15 janvier, la Chambre de jugement passe à la vitesse supérieure. Elle ordonne les plaidoiries et réquisitions.
Le dossier Kassory se referme devant la Crief sans avoir été véritablement ouvert. Face aux tergiversations, Lansana Soumah décide d’en finir une bonne fois pour toute. Ibrahima Kassory Fofana, encore absent, le juge ordonne la fin des débats et l’ouverture des plaidoiries et réquisitions. La récusation de Lansana Soumah, introduite par la défense, n’a pas prospéré. Il a reçu mandat du président de la Crief, Francis Kova Zoumanigui, de poursuivre le dossier. Le prévenu a même été condamné au paiement de 250 000 francs guinéens à titre d’amende. Dans cette affaire, il n’y a pourtant pas eu de débats de fond. Le dossier était jusque-là englué dans une bataille procédurale et des demandes de mise en liberté et d’autorisation d’aller se faire soigner à l’étranger.
A l’audience de ce mercredi, le procureur spécial près la Crief présente un procès-verbal dressé par ses services à l’effet de certifier que le prévenu a encore refusé de comparaître. Aly Touré dénonce aussi la volonté de Kassory de se jouer de la justice : « Il joue avec la Cour. » Entretemps, la défense introduit une requête aux fins de mise en liberté et de transfert du prévenu à l’Hôpital américain de Paris, pour ses soins. Kassory Fofana ayant obtenu une autorisation d’aller se faire soigner dans un centre spécialisé. Aly Touré estime que la défense n’avait même pas droit à la parole en l’absence de son client, à plus forte raison de faire des demandes : « Ils ne peuvent pas représenter leur client, ils l’assistent. Comme la Cour est docile, ils peuvent tout se permettre. Cette requête est censée n’avoir jamais existé parce que le concerné n’a jamais comparu. De quel droit peuvent-ils se permettre de saisir une cour devant laquelle leur client refuse de comparaitre ?» La partie civile abonde dans le même sens : « Ils ne peuvent vous saisir tant que le prévenu n’est pas là. Cette demande ne doit même pas être examinée», clame Me Amadou Babaen Camara.
Le juge a finalement rejeté la demande et renvoyé le dossier au 20 janvier, pour plaidoiries et réquisitions. Au grand dam de Me Sidiki Bérété, dénonçant une justice aux ordres : « C’est un jour sombre pour le droit. C’est la Cour qui a ordonné l’évacuation de docteur Kassory, elle-même refuse d’exécuter l’ordonnance. La mission de la Crief est de servir la transition, elle est accomplie. L’espoir est perdu, le peuple de Guinée ne peut croire qu’à son propre destin. »
L’avocat se dit convaincu que tout est fait pour condamner ces hommes politiques, afin de les « faire taire et les disqualifier du jeu politique. Ils viendront condamner Kassory par défaut. On ne va pas s’associer à cela, parce que les dés sont pipés », déclare Me Bérété.
Ibrahima Kassory Fofana est traduit par devant la Crief pour, entre autres, « détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux. » Des infractions qu’il aurait commises quand il gérait la Primature. Incarcéré depuis avril 2022, il est en détention dans une clinique de la place depuis plus d’un an à cause de sa santé, jugée fragile. Depuis, il n’a jamais été présent aux audiences le concernant.
Yacine Diallo