Avec son statut de coin originaire du principal opposant au régime, la région administrative de Labé a connu le martyr la décennie écoulée. Et, visiblement, le CNRD est en train d’emboîter le pas au RPG. Le voyageur qui va de Conakry à Labé découvre deux Guinée : celle de Conakry à Mamou, avec une route relativement bonne. Et le reste abandonné à son triste sort. Le contraste est criard entre Conakry-Mamou et Mamou-Labé d’autre part.

Ces deux Guinée se séparent au km 7 à Mamou. La direction de l’est est mieux que celle du nord, véritable laissé pour compte. Pendant la saison des pluies, c’était la boue. Les usagers se frayaient eux-mêmes un chemin pour passer. Aujourd’hui c’est la poussière. Les riverains, enviés autrefois pour leur proximité avec la route, sont confrontés à une situation intenable.

Dans certaines localités, comme Boulliwel, située à 15 Km de Dalaba, les habitudes verrouillent portes et fenêtres de la façade sur rue, ouvrent celles jardin. Cette moukère navrée doit confier ses habits à sécher aux voisins qui habitent loin de la route.

Trois mois qu’a démarré la saison des pluies et c’est l’inquiétude dans la région. Rien ne semble indiquer la fin du calvaire. Aucune machine n’est visible sur le terrain. Ce qui laisse présager une saison des pluies aussi dure que la précédente. Les voyageurs de Mamou-Labé se lamentent. Du côté de Tougué, Koubia, Mali et Lélouma c’est la galère depuis l’indépendance. Se rendre dans ces quatre préfectures est un véritable parcours de combattant.

La saison des pluies dernière, la commune urbaine de Mali s’est vue coupée du monde. Les transporteurs s’arrêtaient à 5 kilomètres de la ville, les passagers continuaient à moto. Et vice-versa. Cet habitant de la ville, malgré l’épaisse poussière, dit préférer la saison sèche.

Les véhicules personnels font l’objet de mille tracas. Aux trois papiers rituels (permis de conduire, carte grise et assurance), s’ajoutent la boîte pharmaceutique et les triangles de signalisation. Désormais, ce petit dernier constitue un os dans la gorge des usagers : le contrôle technique.

A contrario, pour les transporteurs, le seul document à présenter – ou à remettre- est le billet de banque. Pour passer à tous les barrages, qui sont quasiment à chaque entrée ou de sortie d’une ville, il faut mettre la main à la poche. Au vu et au su de tous. Plus que les policiers autrefois, les gendarmes ont pris goût à l’argent. A ce tarif, un transporteur peut introduire n’importe quel produit dans le bled.

Habib Yembering Diallo