Wallahi, c’est fini ! Le frigo ronronne, mais le ventre crie famine. Avant, quand on n’avait pas à manger, on allait à la brousse chercher des mangues. Maintenant, à Conakry, même les mangues ont pris le prix de l’or. Le courant, il est là 24h/24, mais l’argent, lui, il s’est barré en cachette.
Les bandits à col blanc, ils ont des frigos plus gros que les nôtres. Ils y mettent des cuisses de poulet importées, du champagne français et du caviar russe. Pendant ce temps, nous, on mange du riz et des haricots. Et encore, faut pas exagérer !
Lansana Conté ou Fory Coco, paix à son âme, il avait raison. Si on tuait tous les corrompus, il ne resterait que les bébés et les chiens. Mais Doumbouya, lui, il fait quoi ? Il doit construire des prisons. C’est bien beau de les construire, mais il faut aussi mettre quelque chose à manger dedans. Sinon, les prisonniers vont faire la grève de la faim.
La Crief, elle est débordée. Elle a plus de prisonniers que de geôles. C’est comme un marché de poissons, mais avec des voleurs à la place des poissons. Et nous, les pauvres citoyens, on fait quoi ? On regarde tout ça, les bras croisés. On dit : « C’est la vie. » On se plaint, mais on ne fait rien. On est comme des moutons qu’on mène à l’abattoir.
Il faudrait qu’on se mette tous ensemble pour prier. On prierait Allah, Dieu, Bouddha, le Nimba, tous les dieux qu’on connaît. On leur demanderait de nous envoyer un miracle. Un miracle, c’est quoi ? C’est trouver un trésor caché dans le sol, c’est gagner à GuinéeGames, c’est que les voleurs rendent l’argent qu’ils ont volé. Mais bon, en attendant le miracle, on va continuer à manger du riz et des haricots. Et on va continuer à rêver d’un jour où on aura un frigo plein et un ventre rond.
Avant, on disait : « L’éducation, c’est la clé du succès. » Maintenant, on dit : « l’éducation, c’est pour les fous ». Nos enfants, ils apprennent à voler avant d’apprendre à lire. Aller à l’hôpital, c’est comme aller à la guerre. Il faut apporter ses propres médicaments, ses propres seringues, et même parfois son propre lit. Et si tu n’as pas d’argent, on te renvoie chez toi pour mourir.
Les politiciens, ils sont tous pareils. Ils font des promesses en l’air et ils ne tiennent jamais rien. C’est comme un vendeur de tapis volants : il te vend le rêve, mais tu te retrouves avec un tapis usé.
Trop de généraux dans un pays qui n’a qu’un seul médecin légiste, ça fait peur. Ils nous ont parlé de démocratie, d’élections, mais la seule chose qu’ils ont su faire, c’est prolonger la transition. Et l’appareil judiciaire, c’est motus et bouche cousue. C’est comme dans un match de football : l’arbitre siffle toujours en faveur de l’équipe du pouvoir. Et tout le monde Chen fout, sauf nos politiciens qui refusent d’être polis.
Avant, on mangeait à notre faim. On avait des poulets, des caprins, des bovins. Maintenant, même les rats ont disparu des rues. Les gens mangent de la boue, ils mangent des feuilles d’arbustes, comme les chèvres du Foutah. C’est la famine, mais personne n’en parle.
L’autre jour, j’ai vu un type qui essayait de voler un poulet. Il s’est fait attraper par le propriétaire. Le propriétaire lui a demandé : « Pourquoi tu as volé ce poulet ? » Le voleur lui a répondu : « C’est pour nourrir ma famille. Je n’ai pas d’argent. » Le propriétaire a éclaté de rire et lui a dit : « Moi non plus, je n’ai pas d’argent. Mais je ne vole pas les poulets des autres. »
On a découvert une nouvelle maladie en Guinée : la maladie du rire. C’est quand tu vois le prix des légumes au marché. Tu commences à rire, et tu ne t’arrêtes plus. C’est contagieux. Mais on Chen fout ! Notre pays, c’est comme un bateau qui prend l’eau. Et les politiciens, ce sont les rats qui cherchent à sauver leur peau.
Wallahi, ils nous ont mis à genoux ! Avant, on était fiers de notre indépendance. Maintenant, on est comme un bébé qui a besoin du biberon. Les Blancs, ils nous donnent de l’argent, mais c’est pour nous contrôler. C’est comme quand tu donnes un os à un chien, il fait tout ce que tu veux. Ils nous menacent de couper les vivres, les Yankees. Qu’est-ce qu’ils vont nous couper ? Le riz ? Le maïs ? Le pétrole ? L’argent de poche ? Et nos frères qui sont en Amérique, ils vont les renvoyer ? Mais où vont-ils aller ? Ils vont venir grossir les rangs des chômeurs ? Ils vont venir dormir dans les rues ? Ils vont venir nous voler notre pain ?
On est dans la merde, mon frère ! On est dans la merde jusqu’au cou. Et personne ne nous tend la main. Mais bon, on est des Africains, on est habitués à souffrir. Et puis, on a toujours l’espoir. L’espoir que les choses vont changer. L’espoir que nos dirigeants vont enfin penser à nous. L’espoir que les Blancs vont avoir pitié de nous. Mais en attendant, on va continuer à rêver. On va rêver d’un jour où on sera riche, où on aura des voitures, des maisons, et où on pourra voyager partout dans le monde. Mais en attendant, on va continuer à manger du riz et des haricots. Et on va continuer à espérer. A Fakoudou !
Par Sambégou Diallo