La semaine passée, quelques grosses légumes ayant apporté leur savoir-faire à la gestion de nos sous ont été gentiment invités à la barre de la Crief, pour quelques explications sur la façon dont ils ont traité certains dossiers. Bien sûr que les magistrats debout ou assis du coin n’ont pas simplement envie d’enquiquiner ces braves serviteurs de l’Etat qui n’ignorent pas le principe de la reddition des comptes. Ceux qui acceptent de compter ce qui est à l’Etat s’engagent ipso facto à rendre compte périodiquement de ce qu’ils ont reçu et de ce qu’ils ont dépensé. C’est aussi simple que ça ! Personne ne devrait s’en offusquer.
Mais comme le métier d’argentier de l’Etat, voire de particuliers, est périlleux, ceux qui l’exercent sont souvent soucieux et ont le sommeil cauchemardesque à l’approche des audits des comptes. Beaucoup sont d’ailleurs, à l’occasion, épinglés ou mis au gnouf pour certains.
Sur toute la chaîne de valeur, du SAF au ministre en passant par le DAF, nul n’est à l’abri, l’épée de Damoclès peut s’abattre à tout instant, pareille à la guillotine, sur la nuque épaissie de ces dames et messieurs. Les punitions peuvent survenir même lorsqu’on occupe plus les fonctions d’argentier. Les juristes qui ne sont jamais avares de mots pour qualifier délits et crimes, parlent de non prescription.
On a observé que le monde des invités de la semaine dernière n’est pas constitué que d’ouailles d’Alpha Grimpeur. Quelques poids lourds de l’ère Fory Coco côtoient cette fois-ci des grimpereaux. Ousmane Kaba et Boubacar Barry, ministres du Sid PM, figurent parmi les invités. Ils ont été tiré de leur confort d’environ une trentaine d’années. Mansa Moussa Sidibé, dignitaire au crépuscule du règne du Général Fory Coco a été aussi interpelé, pour expliquer ce qu’il a oublié de dire quand il était aux affaires. On s’est souvenu de Moussa Condé dit Tata Vieux, le tonitruant ministre du Grimpeur, de son péché mignon, dans la gestion qui s’est évaporée dans les interstices des administrations publiques.
La présence de ces grosses légumes avariés depuis belle lurette augure-t-elle de la volonté du CNRD et du Général Doum-bouillant de faire rendre gorge à quiconque tripatouille les sous communs ? C’est la justice-boussole à bout de bras ! C’est normal. Cette belle formule ne doit pas être vaine. Sa place n’est pas sous le boisseau, mais au sein de la société. Elle doit être la sève nourricière de la société laborieuse et probe que les nouvelles autorités ambitionnent de construire et d’en doter le pays qui a forcément besoin d’un capital humain répondant à des normes de qualification et d’éthique élevées. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », dixit Rabelais.
Abraham Kayoko Doré