Le dossier opposant l’Etat guinéen à Mamadi Camara, ancien ministre des Finances, a repris ce 15 janvier devant la Cour de répression des infractions économiques et financières. Les cadres de l’Inspection générale d’Etat attendus à la barre ont, une nouvelle fois, posé un lapin à la Cour. Leur absence a fortement dérangé le juge.

Mamadi Camara, dernier ministre de l’Economie et des Finances d’Alpha Condé fait lui aussi des allers-retours devant la Crief, pour rendre des comptes sur sa gestion antérieure. Inculpé pour « détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, enrichissement illicite et corruption », Mamadi Camara rejette catégoriquement les faits. L’Etat guinéen l’accuse d’avoir détourné plus de 80 milliards de francs guinéens pendant son passage à la tête du ministère de l’Economie. L’audience de ce mercredi devait être consacrée à la déposition des cadres de l’Inspection générale d’Etat, auteurs du rapport incriminant l’ex-ministre. Ils ont brillé par leur absence, pour la troisième fois. Sur cette absence, le ministère public a eu du mal à trouver des arguments : « Ils sont en déplacement. Nous avons dit au Vérificateur général, à défaut de leur présence, qu’ils nous répondent par écrit », déclare un des substituts du procureur spécial. Une démarche à laquelle n’adhère pas le juge audiencier : « La Cour a réclamé le rapport définitif, ils ne l’ont pas déposé… Elle a ordonné leur comparution, c’est une décision de justice, elle doit être exécutée. »

Yagouba Conté s’interroge même sur le motif de leurs multiples absences : « Je me demande quelle est la mission qui est plus importante qu’une décision de justice. Ils doivent être là pour défendre leur travail.» Cette position du juge Conté est une aubaine pour la défense : « Nous demandons que la Cour fasse comparaître ces inspecteurs à tout prix, c’est pour la manifestation de la vérité », déclare Me Lancinet Sylla. Selon Aboubacar Sidiki Camara, l’autre avocat de Mamadi Camara, ce rapport dressé par les inspecteurs contre leur client, n’est qu’un document taillé sur mesure : « A la gendarmerie et à la Chambre de l’instruction, ils n’ont rien trouvé. Mais pour le juger, on a demandé à l’IGE de dresser un rapport. Cela fait trois mois qu’on attend le rapport définitif de leur travail. Jusqu’à preuve du contraire, nous considérons que le rapport est un faux document produit uniquement pour nuire à notre client. »

L’affaire est renvoyée au 12 février prochain, pour la comparution de ces inspecteurs.

Yacine Diallo