Le procès d’Aliou Bah se poursuit ce 2 janvier au Tribunal de première instance de Kaloum. Le leader du Mouvement démocratique libéral (MoDeL), poursuivi pour « offense au Chef de l’État », vient de bénéficier d’un soutien pour le moins inattendu. Faya Millimouno, président du Bloc Libéral, est à Kaloum pour assister à l’audience en guise de compassion à son ancien compagnon.
Soutien indéfectible de la junte militaire jusqu’à un passé récent, Faya Millimouno prend peu-à-peu ses distances. Après les dénonciations qu’ils a récemment faites contre la trajectoire que la transition prenait, le président du Bloc Libéral revient à la charge le 2 janvier, à propos de Aliou Bah, patron du MoDeL, incarcéré depuis le 30 décembre 2024, pour avoir dénoncé les dérives du CNRD. Faya Millimouno a tenu à assister au procès de son ancien directeur de campagne pour « apporter un soutien moral à mon jeune frère Aliou Bah et lui dire qu’il ne doit pas se sentir seul. C’est un combat noble qu’il est en train de mener. Il a grandi avec moi, je vois que son moral est bon. C’est encourageant, je sais qu’il ne se laissera pas abattre.»
Aliou Bah est jugé pour «offense au Chef de l’État». Cette accusation découle d’une de ses récentes sorties où il a flétri l’élan « dictatorial » des militaires. Le président du BL interpelle les magistrats : « Nous n’aimerions pas que les magistrats de notre pays, après un autre changement, viennent nous dire qu’ils recevaient des injonctions de quelqu’un et donc ne lisaient pas le droit. Aujourd’hui, je l’espère, qu’on va mettre le focus sur ce que la loi a dit et on ne va pas condamner Aliou Bah pour une opinion.»
Sous Alpha Condé, Faya Millimouno avait lui aussi séjourné à la Maison centrale de Coronthie pour un différend avec un ancien ministre. Le politicard dit ne pas craindre d’autres ennuis, du moins si c’est à cause de ses opinions : « J’avais déjà été à la prison de Coronthie. On ne souhaite pas être en prison. Mais si c’est une opinion qui va m’envoyer en prison, on ne se laissera pas abattre moralement.»
Au moment où nous écrivons cet article, l’audience se poursuivait avec les plaidoiries et les réquisitions.
Yacine Diallo