Depuis son retour au bureau Ovale de la Maison blanche, Donald Trump signe à tour de bras des décrets pour reconfigurer le monde à son goût et à ses intérêts. Il veut tout détricoter. Il défait et refait le puzzle.

Ainsi, parmi les multiples actes qu’il a engagés, on note le démantèlement de l’Agence américaine pour le développement international, communément appelée USAID, bras séculier du gouvernement des Etats-Unis en matière d’aide au développement à travers le monde. Cette structure a été mise en place en 1981, sous la présidence du Républicain, Ronald Reagan, pour gérer la contribution américaine au développement du monde. Mais aussi pour construire, soigner et maintenir le prestige, voire la domination du pays de l’Oncle Sam.

En 50 ans, l’apport de l’agence américaine au développement des Etats à travers le monde a été considérable, inestimable. Elle a porté essentiellement sur les réformes démocratiques mais aussi sur les questions de santé, d’éducation, de bonne gouvernance, d’équité entre hommes et femmes. Durant cette période, l’agence a contribué au développement international à hauteur de milliards de dollars. Par exemple en 2023, cette contribution à atteint plus de 68 milliards de dollars dont les principaux bénéficiaires ont été l’Ukraine et l’Afrique subsaharienne. S’agissant de la Guinée, l’aide américaine varie de 5 à 10 millions de dollars par an, que le pays emploie pour améliorer le processus démocratique, la bonne gouvernance, la santé, l’éducation, etc.

La liquidation de l’USAID a pris de court tout le monde, aussi bien les travailleurs américains que les travailleurs des États et institutions bénéficiaires. La décision de fermer l’agence a été si brutale que le financement de maints projets a été abandonné et nombre de travailleurs ont appris la perte de leurs emplois dans la presse. On imagine les affres des travailleurs que l’agence emploie loin de leur pays.

A tort ou à raison, on a vu la main de Elon Musk, chargé de l’efficacité gouvernementale derrière la décision de Trump. Désormais, pour les oligarques de la Maison Blanche, l’humanisme et la philanthropie importent peu. L’efficacité d’une politique publique ne s’apprécie pas à la qualité de vie de la population, mais à la consolidation des revenus des riches et de l’Etat capitaliste. L’efficacité gouvernementale sous le couple Trump–Musk consiste à virer, autant que faire se peut, des fonctionnaires fédéraux et cela dans tous les secteurs, afin de réduire drastiquement le coût du capital humain. Désormais, point de sinécure.

Il fallait donc en finir avec l’agence des Etats-Unis pour le développement international considérée comme budgétivore. Et dont la place n’est ailleurs qu’au rebut de l’histoire. Le Président américain vient de donner un véritable coup de poignard dans le dos de nombreux pays d’Afrique et d’Asie qui se cherchent et dont l’efficacité de leurs politiques de développement dépend des subsides des Etats-Unis. A cet égard, il est intéressant de remarquer que l’essentiel du financement de la lutte contre le Sida dans le monde venait de l’USAID.

La nouvelle politique publique d’aide au développement de Trump et ses Oligarques n’augure rien de bon pour les partenaires des Etats-Unis. Mais ne dit-on pas que « à quelque chose malheur est bon » ? Il faut espérer que la perfidie du Yankee tire les Négros de leur sempiternelle torpeur.

Abraham Kayoko Doré