Juste après son retour à la Maison blanche, Donald Trump multiplie les décisions les plus controversées. Parmi celles-ci, la réception du Premier ministre israélien à la Maison blanche dans un contexte marqué par la guerre de Gaza. Accorder à Netanyahu le privilège d’être la première personnalité étrangère reçue par le nouveau président américain est perçu comme un soutien au Premier ministre israélien impliqué dans un conflit qui a fait plus de 46 000 morts dont 16 000 enfants ces 14 derniers mois.
Même si Donald Trump a obtenu un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le choix de son premier hôte en dit long sur sa position dans le conflit israélo-palestinien. Ce cessez-le-feu Trump, impliquant la libération d’otages et de prisonniers palestiniens constitue une première victoire diplomatique du président américain. L’accord est un énorme soulagement aussi bien du côté des otages libérés que de celui des prisonniers palestiniens dont certains étaient en détention depuis plusieurs années.
Mais pour les Palestiniens, cet accord ressemble aussi à un traitement appliqué à un malade en attendant l’euthanasie. Si le prix à payer du cessez-le-feu doit être la déportation des Gazaouis vers l’Égypte et la Jordanie, ces derniers préfèreraient certainement la poursuite de la guerre pour rester et vivre sur leur terre.
Dans le deal Trump-Netanyahu, les Gazaouis doivent être déportés vers l’Égypte et la Jordanie. Le pays qui refusera de rerecevoir ces damnés de la terre se verra couper les vivres. Or l’Égypte, qui vient d’être exemptée avec l’Israël par la suspension de l’aide américaine, est dans une position embarrassante. Depuis la signature des accords de Camp David le 17 septembre 1978, l’Égypte est un allié infonctionnel des Etats-Unis dans la région. Quant à la Jordanie, et malgré sa protestation officielle, elle pourrait difficilement tenir tête à Washington dans un contexte où les cartes sont rabattues dans la région, avec à la clé, la fragilisation de tous les gouvernements et mouvements hostiles au pays de l’Oncle Sam.
Mais il n’y a pas que cette région qui subit les conséquences du retour au pouvoir de l’adepte de “America First”. D’autres pays que tout oppose, sont logés à la même enseigne par l’Administration américaine. Contrairement à la tradition, ce n’est ni la Russie ni la Chine qui sont la cible. Même si ces dernières ne seront pas épargnées. Cette fois, ce sont plutôt des États démocratiques et alliés traditionnels des Etats-Unis qui sont dans la ligne de mire. Les produits en provenance du Canada sont frappés de 25% de droit de douane. L’Afrique du Sud est privée de 400 millions de dollars d’aide.
Accusé d’amitié avec l’Iran, le pays de Mandela commet le péché mignon d’exproprier les fermiers blancs, les Afrikaners, suprématistes de Washington. A Pretoria la décision américaine constitue une surprise. Mais elle devrait susciter une prise de conscience africaine. Les mesures coercitives tous azimuts, envisagés par les Etats-Unis contre des pays dont le seul tort est de choisir librement amis et alliés, est la preuve de l’impérieuse nécessité pour les Africains de mettre en place progressivement l’autre État-continent que sont les Etats-Unis d’Afrique.
Habib Yembering Diallo