Mohamed Touré et Denis Cros, sortis de prison aux États-Unis le 20 décembre 2024, sont rentrés au bercail le 8 février 2025. Le fils de Sékou Touré a été accueilli à l’aéroport de Conakry par le ministre des Affaires étrangères Morissanda Kouyaté. Mais, tout porte à croire que le couple a été expulsé des États-Unis conformément à une décision de justice.
Mohamed Touré et Denis Cros avaient été arrêtés le 25 avril 2018 au Texas, puis condamnés à 7 ans d’emprisonnement le 23 avril 2019. Poursuivi pour « travaux forcés » sur une compatriote 16 durant, le couple Touré a passé 6 ans et 8 mois derrière les barreaux, avant d’être libéré le 20 décembre 2024 grâce, se félicite-t-on, à l’implication des autorités guinéennes. Sauf qu’il ne leur restait que 5 mois de prison à purger.
Retrouvailles entre mère et fils
Mohamed fils, qui a repris les rênes du Parti Démocratique de Guinée, PDG, fondé par le père, aurait été expulsé des États-Unis où son père est décédé en mars 1984. Mohamed a regagné la Guinée en fauteuil roulant. Entre la famille Touré et les Etats-Unis, c’est une longue histoire.
La junte, qui n’a de cesse « d’honorer » la famille du premier Président de la Guinée, s’approprie le mérite de la libération et du retour au bercail de Mohamed Touré et de son épouse. Cela peut aller de soi lorsque l’on sait que Mamadi Doumbouya a restitué les Cases de Bellevue à la famille de Sékou Touré et a rebaptisé l’aéroport de Conakry Ahmed Sékou Touré, entre autres.
Mais ce qui est curieux, c’est de faire croire aux Guinéens que cette libération, suivie du retour au pays, n’est rien d’autre que l’aboutissement de la promesse des autorités de rendre Mohamed à sa mère, Hadja Andrée Touré.
En clair, la décision condamnant le couple à sept ans de prison au Texas ordonnait aussi son expulsion du territoire américain, suite à la perte subséquente de son statut de résident permanent. Apparemment, la junte fait savourer à Hadja Andrée Touré le plaisir d’avoir respecté sa promesse de ramener le couple Touré.
Retour définitif ?
Joint au téléphone le 10 février, Oyé Béavogui, le secrétaire général par intérim du PDG-RDA, aura été bref et un peu plus précis : « Mohamed Touré est définitivement rentré au pays. » Ce qui renforce la probabilité de l’expulsion du couple des Etats-Unis. Les observateurs auront remarqué que, libérés le 20 décembre 2024, les Touré sont effectivement arrivés au pays avec leur fille.
Le ministre des Affaires Étrangères, Morissanda Kouyaté, n’a pas manqué de détails : « Le Général d’armée Mamadi Doumbouya a donné des consignes claires. Il m’a dit : « Ramène-moi, mon frère ». Après chaque Conseil des ministres ou quand il m’appelle pour d’autres instructions, il me dit : « Et Mohamed ? » Je lui dis : Président, on est là-dessus. Grâce à lui, son frère Mohamed Touré est là. C’est cela, la refondation… »
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« Forcing politique »
Aux Cases Belle-vue, la résidence privée de la famille restituée aux héritiers de Sékou Touré par le Général Mamadi Doumbouya, Mohamed Touré a été reçu avec ferveur et émotion. En fauteuil roulant, il a dit savoir « personnellement que le peuple de Guinée dans tous les quatre coins ont fortement participé à créer l’atmosphère qui a abouti à ce résultat. Nos propos sont ceux de profonde gratitude pour tout ce monde. Mais quand le peuple de Guinée a exprimé sa volonté, il fallait qu’elle soit portée. Et elle a été portée magnifiquement par le chef de l’État, mon frère Mamadi Doumbouya. Je vous le dis en connaissance de cause, ma sortie a été le produit d’un forcing politique, il faut le dire. »
Le leader du PDG-RDA martèle que des agents auraient agi conformément à des « fermes instructions » pour le libérer. « Pour ces efforts, nous remercions aussi le ministre des Affaires étrangères qui n’a ménagé aucun effort, la représentation diplomatique guinéenne aux États-Unis… Mamadi Doumbouya est un homme de parole », conclut-il. Sans aucun doute.
Yaya Doumbouya