Il n’avait ni les capacités physiques et intellectuelles, ni le bilan qu’il faut pour rempiler. Joe Biden a piégé les migrants de maints continents. Emballés par le fameux rêve américain. Ce rêve se transforme pour ces nouveaux damnés de la terre en cauchemar. Le drame humanitaire qui se joue actuellement dans le pays de l’Oncle Sam ressemble fort à nos battues villageoises d’autrefois : trouver les animaux, les acculer en un endroit puis donner l’assaut final.

Voilà pour ainsi dire ce que Joe Biden a fait des migrants de tous les pays venus massivement en Amérique au cours des 4 dernières années. Ceux passés par le Nicaragua pour le nouveau monde rassemblent à ceux bravant la Mer Méditerranée pour le vieux continent. Les premiers bénéficient de la complaisance, voire la complicité des autorités américaines. Les seconds sont victimes de réseaux criminels.

Au nom de la continuité de l’État, Donald Trump devait endosser les actes posés par son prédécesseur. Hélas : les immigrés se retrouvent dans une situation inattendue. Ils sont pris au piège par un homme qui se dit un envoyé de Dieu pour chasser tous les étrangers qu’il accuse d’être la cause de tous les malheurs de l’Amérique. Ces immigrés, pour la plupart victimes de la mal gouvernance dans leurs propres pays, sont à la recherche du mieux-vivre et de protection. Curieusement, l’adepte de l’America First n’exclut pas d’infliger à certains d’entre eux le même traitement que les marines ont infligé autrefois aux membres d’Al Qu’Aïda. Sûrement une façon pour Trump de faire monter les enchères.

Les Guinéens, véritablement le ciel leur tombe sur la tête. Pour nombre d’entre eux, la terre est devenue invivable et le ciel inatteignable. Pour qui a vendu tout, jusqu’à la maison familiale dans l’espoir de revenir pour en construire une voire d’autres, revenir à la case départ, devient un véritable drame à la fois personnel, familial, Social.  Certains ont voyagé à crédit. D’autres ont bénéficié de l’apport de toute la famille. L’homme qui retournerait avec son seul téléphone portable en main pourrait péter les plombs. Devant telle situation, la Guinée devrait augmenter la capacité d’accueil de son hôpital psychiatrique.

Le malheur des uns faisant toujours le bonheur des autres, le calvaire de nos compatriotes sera une aubaine pour les autorités. Surtout que le discours du 5 septembre 2021 ne s’adresse qu’aux crédules. Le retour massif des Africains et des Guinéens en particulier sera utilisé par les différents gouvernements défaillants pour montrer au monde et surtout aux familles des victimes que leur pays n’avait jamais eu de bons dirigeants comme eux. Et pour le cas de la Guinée, il faudrait être dépourvu de bons sens pour réclamer le changement d’une équipe qui gagne.

Cette offensive de charme, à laquelle Morissanda Kouyaté se livrera, soignera l’effet en occultant la cause. Si nous nous indignons de la décision du Président américain de chasser les étrangers, nous devons nous poser la question de savoir pourquoi nos compatriotes quittent massivement notre pays. On dit que si le singe trouvait ce dont il a besoin sur l’arbre il ne se risquerait à en descendre. Ce qui arrive à nos compatriotes est la conséquence de l’incapacité de nos différents gouvernements à faire face à leurs besoins élémentaires.

Riche mais vide

Certes, il n’y a pas que des Guinéens actuellement dans l’œil du cyclone. Toutefois, la plupart des immigrés, logés dans la même enseigne que les Guinéens, sont originaires soit de pays défavorisés par la nature soit confrontés à une crise politique. Seule la Guinée peut avoir des ressources comme les nôtres et se vider de ses bras valides. Le pays manque véritablement de leadership capable de mettre les citoyens au travail. Notre pays est immensément riche. Nous sommes dramatiquement pauvres. La pauvreté, l’oppression, poussent le Guinéen à errer de pays en pays à la recherche des meilleures conditions de vie.

Dieu nous a donné tout. Nous avons refusé tout. Nous serons des refugiés partout. Notre bauxite aura été un leurre. Notre diamant et notre or, une chimère. Notre fer, un mirage. Alpha Condé avait décrété Boké zone économique du pays. C’était pour sa réélection et son troisième nambara. Aujourd’hui, la région est partagée au mètre carré près aux multinationales. Sans véritables retombées économiques pour les populations. La richesse de nos sol et sous-sol contraste avec notre pauvreté. Nous avons chanté et dansé au lendemain de notre indépendance. Même liesse populaire après le 3 avril 1984. Nous avons fait un rêve après la première élection pluraliste de 2010. Nous avons applaudi le 5 septembre 2021. Nous nourrissons l’espoir d’un lendemain qui chante avec « Simandou 2040 ». Les 15 années futures risquent d’être comme les 15 passées. Les hauts perchés manient la carotte et le bâton. L’aumône aux uns pour crier. Aux autres, le gnouf pour se taire. 

Habib Yembering Diallo