Le 7 février, votre Satirique du lundi « souffre » les 33 bougies de son existence. L’occasion pour les scribouillards vivants de rendre un vibrant hommage aux compagnons de route disparus.
Une série de quatre poignants témoignages que nous ouvrons par celui de Boubacar Azoca Bah, alias Le Bah Zooka. Actuellement Directeur national par intérim de la Communication et des relations avec les médias privés du ministère de l’Information et de la communication, il a cumulé 22 ans au sein du Groupe de presse Le Lynx-La Lance (la radio Lynx FM, comprise).
Bon appétit !
Le Lynx, notre école
Trente-trois ans après, c’est sur le net que je feuillette (que dis-je) surfe pour lire Le Lynx. Entre le 9 février 1992 et le 9 février 2025, le temps est vite passé. Beaucoup sont passés par cette école, arpentant hier les couloirs sombres de l’Immeuble (décrépi) Baldé-Zaïre jusqu’au 3ème étage. Et, aujourd’hui, les couloirs éclairés de l’Immeuble Nialy flambant neuf à Kipé, jusqu’au 5ème étage. Mais le Satirique a fait plus que deux bonds dans l’espace médiatique guinéen.
Rendons-hommage à ces éminentes plumes disparues : Alhassane Diomandé, Williams Sassine, Sambry Sako, Assan Abrahama Kéïta, Sékou Amadou, Prospère Doré, Thierno Diallo, de Grossi (surnom du premier planton du Lynx), Mohamed Diallo, Madame Diallo Fatoumata Bintou, Bah Mamadou Lamine alias Le Gros du Lynx. Mais, comme le chantait le poète, « les morts ne sont pas morts… ».
Le Lynx ne meurt pas. Il ne se meurt pas, non plus. Il a su être très résilient face aux enjeux et défis du numérique (ça n’a pas été le cas pour beaucoup de canards boiteux au pays de Fory Coco). Les caricatures, les calembours, les chroniques et les « maux » sont sur lelynx.net. Le contenu est accessible à un public élargi dans le monde entier. L’école se maintient.
Aventure riche, inoubliable…
Mais comme dans toute école, l’entrée au satirique n’aura pas été facile (et ne saurais l’être aujourd’hui encore) pour le premier journaleux sorti d’une fac poussiéreuse de Cona-cris ou de Galakpaye. Ceux qui sont passés par-là, levez la main. Les corrections sur le papier (au rouge vif ou au noir charbon, c’est selon qu’on a affaire au Gros Lynx ou au KAA), les bouclages du vendredi, la quête quotidienne du terrain qui n’arrive pas à l’heure pendant les reportages, les échanges chauds pendant les réunions de rédaction, ça booste votre énergie à continuer l’aventure. On s’en fout des félicitations. Qui s’y frotte s’y installe tout de même.
De 1996 à 2010, l’aventure fut belle, riche, inoubliable. Des hauts et des bas, sans animosité. Aujourd’hui encore et toujours, dans un coin de la rue, un inconnu vous salue à l’évocation de votre nom (que dis-je sobriquet) et vous exprime toute sa fierté de vous avoir lu dans Le Lynx. Ou encore de vous avoir écouté dans « Œil de Lynx » (une autre aventure…). Ainsi, la contribution à l’avènement d’une presse libre et démocratique en Guinée n’aura pas été vaine. Même si, on s’en fout des félicitations.
Un Chevalier de l’Ordre bien mérité
Mais merci au Chaud-NRD qui a gratifié Yala-le-Gros Lynx du titre de « Chevalier de l’Ordre National du Mérite ». Félicitation également aux initiateurs du Prix Diallo Souleymane qui ont célébré, de son vivant, le fondateur de ce que certains appellent « le canard cinglé guinéen ». Histoire de lui rendre hommage pour le noble combat qu’il a mené. Je reste toujours admiratif et très reconnaissant envers cet homme résilient, dans le vrai sens du terme. Yala-le-Gros du Lynx, malgré le poids de l’âge, continue encore d’arpenter jusqu’au 5ème étage afin de rédiger : « Juste un mot », tous les jours…sauf dimanche, la mort dans l’âme.
Je n’en dirai pas plus mot.
Le Bah Zooka