Les avocats d’Ibrahima Kourouma, ancien ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation, ont plaidé sa relaxe le 19 mars, devant la Crief. Ils arguent que les faits de « détournement de deniers publics et enrichissement illicites » articulés contre leur client « ne sont pas constitutifs des infractions » à la loi pénale.  

A l’audience du 17 mars, le ministère public, le poursuivant, avait requis 5 ans de prison ferme et une amende de 50 milliards de francs guinéens contre Ibrahima Kourouma, accusé d’avoir détourné plus de 612 milliards de francs guinéens et 12 millions de dollars américain lorsqu’il était ministre, de 2011 à 2017. La défense a pris la parole le 19 mars, pour le défendre. D’entrée, Me Soufiane Kouyaté, charge la junte de museler des responsables, notamment ceux proches de l’ex-Président Alpha Condé. Il croit ainsi que la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) ne condamnera pas Ibrahima Kourouma, sur la base d’un rapport d’inspection provisoire dénué de « toute validité ».

Me Kouyaté se demande pourquoi son client justifierait la gestion financière du ministère de l’Enseignement pré-universitaire en lieu et place du pool financier. Il croit dur comme fer que la justification des pièces comptables du ministère « n’incombe pas » à son client.

Au sujet des 12 millions de dollars américain, la défense affirme que le projet avait été bouclé au moment où Ibrahima Kourouma n’était plus ministre. « C’est un acharnement contre mon client, c’est un règlement de compte », dénonce Me Soufiane Kouyaté.

Son confrère de la défense, Me Almamy Samory Traoré, se plaint du ministère public, qui n’aurait pas suivi la procédure régulière en matière d’exécution budgétaire avant de considérer l’accusé comme responsable de la gestion financière. De ce fait, « tous les gestionnaires en fonction et ceux qui s’apprêtent à prendre des fonctions publiques doivent s’inquiéter du mode opératoire du parquet de la Crief. De l’interpellation à l’instruction, Ibrahima Kourouma n’a jamais su le montant qu’on lui reprochait. C’est lorsqu’il a été renvoyé devant la Chambre de jugement de la Crief qu’on lui a communiqué les montants de plus 612 milliards de francs guinéens et celui de 12 millions de dollars. »

« Fausseté des inspecteurs »

Me Traoré s’offusque de la « fausseté » admise par les inspecteurs d’Etat attribuant la responsabilité financière du ministère (2011 à 2024) à Ibrahima Kourouma, alors que celui-ci n’a été ministre que de 2011 à 2017. « Les inspecteurs sont complètement passés à côté », déclare-t-il. Selon lui, les faits de ‘’détournement de deniers publics et d’enrichissement illicite’’ articulés contre Ibrahima Kourouma « ne sont pas constitutifs des infractions » à la loi pénale. La défense plaide ainsi la mise en liberté immédiate du prévenu et le renvoi du ministère public à mieux se pouvoir. Le juge Yagouba Conté a renvoyé l’affaire pour décision être rendue le 16 avril prochain.

Yaya Doumbouya