Une scène à la fois incroyable et effrayante s’est produite dans l’après-midi du 20 mars, au marché de Dibida, situé dans le quartier Bananköröda, dans la commune urbaine de Kankan.

Armé d’un couteau, Bangaly Traoré, la trentaine, a fait irruption dans le marché avant de se diriger vers une vendeuse de riz et lui a planté un coup de couteau dans le ventre.

La victime, Adama Konaté, mère de plusieurs enfants s’est vidée de son sang avant de succomber sur le coup, à ses blessures. Selon les infos, avant de lui asséner ce coup, Bangaly Traoré aurait déclaré en langue locale (malinké) : « Je t’avais prévenue que si tu refuses de te marier avec moi, je te tuerais ».

Après avoir commis cet acte, Bangaly Traoré est resté immobile durant plusieurs minutes, debout à côté de sa victime qui gisait dans son sang. Armé de son couteau, les agents de sécurité n’ont pas osé l’approcher. Il a fallu que les jeunes présents sur les lieux, très en colère, le rouent de coups pour qu’il abandonne l’arme du crime et qu’il soit enfin maîtrisé. Bangaly Traoré avait tenté de prendre la fuite, mais la foule l’a rapidement immobilisé, avant d’être interpelé par la gendarmerie.

Sécurité et justice amorphes ?

Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kankan, Marouane Baldé, a qualifié l’acte de « crime crapuleux ». « Il s’agit d’un assassinat avec préméditation. Quant au mobile, il semblerait qu’il s’agisse d’une affaire passionnelle. Il existait des relations amoureuses antérieures entre le présumé auteur de ce crime et sa victime. En tout cas, il a été arrêté et placé en garde à vue avant d’être déféré au parquet. Je vais décerner un mandat de dépôt contre lui. Une enquête approfondie sera ouverte Je rassure les habitants de Kankan, en particulier ceux du marché Dibida, qu’une réponse pénale appropriée sera apportée, afin de satisfaire la population et de rétablir les victimes dans leurs droits », a-t-il rassuré.

Bangaly Traoré, chauffeur de profession, ne souffrait d’aucune dépression mentale connue. Cependant, il était connu pour son tempérament violent. Selon ses propres déclarations filmées et relayées sur les réseaux sociaux, il n’était pas à sa première tentative de meurtre. Mais jusqu’à ce jour fatidique du jeudi 20 mars, sa victime avait toujours réussi à déjouer ses plans. Autant dire que Bangaly Traoré était bien connu des services sécuritaires et judiciaires, lesquels l’ont malgré tout laissé en liberté.

Charlotte Daffé se constitue partie civile

Le Ministère de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables a réagi avec indignation à l’acte de féminicide survenu à Kankan. Dans un communiqué, la ministre Charlotte Daffé a exprimé sa profonde tristesse et présenté ses condoléances à la famille de la victime. Elle a également réaffirmé son engagement à lutter contre toutes formes de violences basées sur le genre (VBG).

« Le Ministère de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables a appris avec horreur l’acte de féminicide survenu à Kankan ce jour. Madame la Ministre présente ses condoléances les plus attristées à la famille et condamne tout acte de violence basée sur le genre (VBG). Elle a instruit l’Inspection régionale de Kankan de prendre les dispositions nécessaires afin d’apporter toute assistance administrative et morale à la famille éplorée. Le Ministère, par principe, se porte partie civile devant les autorités judiciaires de Kankan afin que l’auteur réponde de ses actes et soit jugé conformément à la loi », lit-on dans le communiqué.

Kadiatou Diallo