Le mystère de l’Administration du trottoir et de la décentralisation a réuni les partis politiques, le 14 mars à Kaloum, pour leur restituer les résul-tares de l’analyse des documents complémentaires de leur dernière évaluation. Entre autorisation, autorisation à exercer sous conditions, suspensions, les intrigues ne manquent pas dans le rapport.
C’était l’épreuve redoutée par biens de formations politiques guinéennes, notamment celles placées sous observation. Elle a été fatidique pour plus d’une cinquantaine de partis politiques, et pas des moindres. Selon les chiffres de la Direction nationale des affres politiques et de l’administration électorale, pas moins de 158 partis politiques n’ayant rempli toutes les conditions d’exercice étaient évalués. L’objectif, selon le ministre de l’Administration du trottoir, est d’assainir et « structurer notre espace politique pour garantir un fonctionnement transparent et équitable des partis politiques. » Ibrahima Kalil Condé et ses lieutenants semblent décidés de ne pas y aller avec le dos de la cuillère.
Satisfécit à géométrie variable ?
Pour ce round, 75 partis politiques sont autorisés à exercer normalement leurs activités politiques, sans anicroches. Ils ont, selon les évaluateurs, satisfait à toutes les exigences. Entre autres : MoDeL d’Aliou Bas, PEDN de Lansana Kou-raté, BL de Faya Mini-mono, UDG de Mamadou le Scylla de Dixinn-Bora, UDRG d’Amadeus Oury Bah, UFC de Zagamort (ou vif) Sylla, UPR de Bah Oussou Koutchoun ou encore UPG de feu Lapin Doré.
Ce qui étonne, c’est que parmi ces partis en règle, si certains ont organisé à la va-vite un congrès la veille de la date butoir du 31 décembre 2024, il y en a pas mal dont on n’en a pas entendu parler : UPR, UDRG… L’UPG était quant à lui divisé entre deux factions. Jean Alfred Matos et Jacques Gbonimy se réclamaient tous deux présidents.
Les autres partis dits en règle sont pour la plupart des inconnus : « Ils sont fabriqués par le CNRD », accuse un politicard. Ironie du sort, bien des représentants de ces partis peinaient à les reconnaître. Quand le ministre du MATD distribuait les satisfécits, les premiers appelés ont trainé les pas. « Il faut appeler par les initiales, c’est plus facile à reconnaître », marmonnaient certains d’entre eux.
Sursis pour l’UFDG
Les résultats tombés, beaucoup ont vu dans la démarche du ministère une manœuvre pour suspendre les grandes formations politiques opposées à la transition. Ce n’est pas le cas pour l’Union des forces démocratiques de Guinée. L’UFDG fait partie des 24 partis politiques autorisés à exercer, sous réserve de satisfaire certains détails. Le parti échappe ainsi à la suspension. Il dispose, à l’instar du PADES d’Ousmane Kabako, du MPDG de Siaka Barrit, de l’UDRP de Edouard Zoutomou Kpoghomou et de 20 autres partis, de 45 jours pour se mettre à jour, et donc à l’abri. Sauf que l’UFDG, englué dans un contentieux avec le porte-voix du goubernement Ousmane Gawa Diallo, a vu la tenue de son congrès national (initialement prévu les 19 et 20 avril) suspendu par le tribunal de Dixinn.
Les partis suspendus sont au nombre de 28. Parmi eux, deux anciens partis au pouvoir : PUP et RPG arc-en-ciel, auxquels s’ajoute l’UFR du Sid Touré. Le parti d’Alpha Grimpeur, pressentant l’issue, n’a envoyé aucun représentant à la cérémonie de proclamation des résultats.
Djénab Touré, dirlote nationale des Affres politiques et de l’Administration électorale, a précisé que ces partis sont interdits de toute activité politique en Guinée jusqu’à ce qu’ils soient en règle. C’est à se demander comment Alhousseiny Makanéra Kaké, coordinateur du mouvement de soutien Synergie Mamadi Doumbouya dont le parti, FND, est suspendu, va faire campagne pour le Chef de la junte. Elle explique qu’ils n’ont fourni ni les relevés bancaires ni les preuves des cotisations des responsables et militants, encore moins celles des renouvellements de leurs instances. Le département a dissous 27 partis politiques qui, pour la plupart, « n’avaient ni adresse ni représentants connus en Guinée. »
Yacine Diallo