Dès après la publication des résultats, les représentants des partis politiques n’ont pas tardé à se faire voix. D’aucuns sont contents d’avoir franchi cette étape tant attendue, d’autres critiquent le folklore ayant entouré la publication du rapport.
Pour Joachim Baba Millimouno, coordinateur de la cellule de Com de l’UFDG dont le parti est autorisé à exercer, mais mis sous observation, la rencontre n’avait pas forcément lieu d’être. Selon lui, on n’aurait pu produire un rapport, le notifier aux différentes parties prenantes. Il affirme que le rapport le surprend, parce que l’UFDG a fait l’effort de se conformer par rapport aux éléments d’appréciation ayant été concoctés par le MATD. « Ma déception est de constater qu’un instrument juridique est utilisé, alors qu’il n’est pas en vigueur. Il s’agit de la loi sur le financement public des partis politiques, une loi quasi inexistante. Certes discutée lors de la dernière législature avant la prise du pouvoir par le CNRD, mais elle n’a fait l’objet d’aucune promulgation, d’aucune publication au Journal officiel de la République. Il est inconcevable, inacceptable d’évaluer des partis politiques sur la base d’un élément non opposable à un justiciable ou à une entité quelconque. C’est un manquement grave qu’il faut relever. Du reste, nous nous réjouissons d’appartenir à la liste des 24 partis politiques autorisés sur l’ensemble du territoire, sous réserve de l’organisation de notre congrès qui ne dépend plus de nous, parce que nous en sommes à plus de 95% du processus d’organisation. N’eut été la suspension de nos congrès fédéraux et du processus du congrès national par le tribunal de première instance de Dixinn, nous avions convoqué notre congrès les 19 et 20 avril prochain », a rappelé Joachim Baba Millimouno, dit être surpris de voir des partis politiques qui n’ont aucune assise politique, dont les leaders ne sont pas connus, déclarés conformes.
Pour Rafiou Sow du PRP, ce qui honorera le Général Mamadi Doumouya, c’est de sortir de cette transition honorablement. « Cette évaluation n’est pas importante. Aujourd’hui, on n’a pas besoin des partis politiques pour aller aux élections selon leur soi-disant future Constitution, il y a les candidatures indépendantes. Nous ne craignons rien. Nous sommes citoyens guinéens, nous demandons d’aller aux élections et à sortir de cette transition ». Il estime que seule la population peut évaluer les partis politiques à travers des élections libres crédibles et transparentes. Vaste programme.
Selon Aboubacar Demba Dansoko, membre du bureau politique RPG arc en ciel (ancien parti au pouvoir), cette suspension est un non évènement, « parce qu’il appartient à chaque parti politique, dans son organisation interne en tenant compte de ses statuts, de son règlement intérieur d’organiser un congrès ». Il estime qu’il ne revient pas à une junte de dire à un parti politique légalement constitué d’organiser un congrès. Le responsable du RPG affirme n’avoir pas reçu de notification. « Nous, nous connaissons les textes qui régissent notre parti et ce sont ces textes que nous suivons. Le président Alpha Condé est le président de notre parti jusqu’à l’organisation de notre congrès ». Le Dansoko est catégorique : « Personne ne peut affaiblir le RPG Arc en ciel, le plus grand parti de la Guinée. Nous n’avons pas à écouter ce que le MATD a à dire sur notre organisation interne. Eux, ils avaient promis de rendre le pouvoir le 31 décembre 2024, le 31 décembre est passé, ils n’ont rien dit. Comment est-ce qu’une junte qui a déjà expiré peut écrire des papiers pour dire tel est suspendu ou pas ? » C’est tout dire.
Mamadou Malal Bah, secrétaire chargé des affaires juridiques du parti Mouvement démocratique libéral, MoDeL, explique que c’est après un long processus que son parti s’en est sorti avec un certificat d’aptitude d’exercer. « Nous avions fourni beaucoup de documentations, mais il y avait quelques défaillances sur les données collectées par le ministère de l’Administration du territoire. Après, ils ont fait un retour pour demander d’autres documents que nous avons mobilisés et déposés à temps. C’est ce qui a donné ce résultat ». Le secrétaire chargé des affaires juridiques affirme être satisfait en partie, pour avoir remporté une première manche. « Notre priorité désormais, c’est la libération de notre président qui a été arbitrairement arrêté et injustement condamné ».
Ibn Adama