Du 21 au 23 mars, s’est tenue la première édition de la Foire alimentaire de la commune de Ratoma au rond-point de Hamdallaye. Une initiative de la Délégation spéciale, pour dynamiser l’économie locale, promouvoir les producteurs et commerçants de la collectivité. Lundi 24 mars, La Lance a rencontré Ahmed Sékou Traoré, président de la Délégation spéciale de Ratoma, pour en savoir plus sur l’initiative.

La Lance : Vous avez organisé une foire au rond-point de Hamdallaye. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet événement ?

Ahmed Sékou Traoré : Nous avons organisé cette Foire alimentaire de la commune du 21 au 23 mars. La première de ce type en Guinée, dans le cadre d’une dynamique de réorganisation de la commune de Ratoma. Cela s’inscrit dans la vision du chef de l’État, le général Mamadi Doumbouya, en matière de refondation et de rectification institutionnelle. En tant que Conseil communal, nous avons identifié, en concertation avec nos citoyens, un besoin réel de réorganisation sociale et économique. Ainsi, en échangeant avec les femmes de la commune, nous avons décidé de créer un espace d’échanges et de développement économique, permettant de générer des ressources pour les habitants et de dynamiser l’économie municipale.

Cette première édition nous a permis de réunir producteurs locaux et revendeurs qui ont des produits locaux ou manufacturés. Mais ce qui était important pour nous, c’est l’intitulé de l’événement : ‘’Foire alimentaire de la Commune’’. Le but c’était de réunir les denrées alimentaires provenant de Ratoma ou d’ailleurs pour permettre aux femmes d’exposer et aux citoyens de la collectivité de s’approvisionner à un prix abordable. Pendant trois jours, nous avons réunis les femmes dans notre terroir pour leur permettre de communier entre elles, mais aussi avec les citoyens.

Quel en a été l’impact sur la commune ?

L’impact a été significatif, tant en termes de mobilisation que de retombées économiques. Nous avons réussi à rassembler producteurs locaux et revendeurs de produits alimentaires, qu’ils soient issus de Ratoma ou d’ailleurs. Les citoyens ont ainsi pu accéder à des produits à des prix abordables.

Un autre aspect notable est le don d’un four de fumage aux femmes du marché de Kaporo, leur permettant de sécher poisson et poulet, qui ont été très prisés des visiteurs. Cette initiative a donné de la visibilité à la commune et permis aux femmes d’expérimenter, parfois pour la première fois, la participation à une foire communale.

Si l’événement a été un succès, pourquoi ne pas avoir prolongé sa durée ?

Il est essentiel de cadrer toute initiative pour que les citoyens intègrent le respect des principes fondamentaux. Cette foire ne visait pas uniquement à développer l’économie locale, mais aussi à inculquer des notions d’organisation, de discipline et de respect de l’environnement. Il fallait montrer l’importance du respect du temps, de la salubrité et de l’hygiène sur un tel événement à un tel endroit.

Combien y avait-il de stands et étaient-ils gratuits ?

Nous avons installé environ 60 stands. Pour cette première édition, une contribution symbolique était demandée aux exposantes, afin de leur permettre de se familiariser avec le fonctionnement d’une foire, sans leur imposer une charge trop lourde. On ne pouvait pas leurs faire payer un tarif normal, parce qu’elles n’ont pas encore l’expérience.

La Foire alimentaire aura-t-elle lieu uniquement pendant le Ramadan ou prévoyez-vous un calendrier plus large ?

Nous sommes encore à nos premières années à la Délégation spéciale et nous comptons multiplier ce type d’initiatives. Cette première édition a coïncidé avec le mois de mars, période de célébration des femmes. Vous avez vu que nous sommes, si je ne me trompe, la première commune à donner un four de séchage aux femmes à l’occasion du 8-Mars.

Le mois de Ramadan, avec l’alimentation, a ajouté une saveur forte à l’événement. Ça a donné un très bon résultat et nous projetons d’autres éditions futures.

Des initiatives similaires sont-elles prévues dans les autres quartiers de la commune ?

Oui, nous avons plusieurs projets en cours. Par exemple, nous avons lancé le programme Bénévolat jeunesse de Ratoma, qui a permis de créer des opportunités pour 30 jeunes. Le but de ce programme est de permettre à chaque citoyen de bénéficier des ressources de sa collectivité. De plus, nous prévoyons, en collaboration avec la Direction communale de l’action sociale, d’organiser des formations pour les femmes participantes à la Foire. L’objectif est de leur transmettre les compétences nécessaires à une participation réussie à d’autres événements, et de les certifier pour mieux les intégrer dans le circuit économique.

Avec un sentiment d’appartenance à cette commune, nous développons et créons les initiatives, car nous cherchons à enraciner nos jeunes sur notre territoire que nous voulons rendre plus innovant et plus créatif des communes de Conakry.

À quand la prochaine édition ?

Il est encore trop tôt pour le dire. Nous allons évaluer cette première expérience avec notre équipe de conseillers et techniciens avant de prendre de nouvelles décisions. Toutefois, nous remercions chaleureusement tous les participants, les citoyens et nos partenaires, notamment la Chambre de commerce, qui a cru en notre projet et nous a accompagnés. Ils ont rendu notre foire très agréable.

Interview réalisée par

Abdoulaye Pellel Bah