La toile en a fait ses choux gras. « Le Royaume du Maroc a informé de manière discrète l’ancien président sénégalais, Macky Sall, qu’il n’est plus le bienvenu sur le territoire chérifien et qu’il doit quitter le pays. » Il n’en fallait pas plus pour enflammer les réseaux sociaux, la presse en ligne, surtout sénégalaise, la première. On la comprend. D’ordinaire, les médias ne sont d’accord que sur la date des événements. Les acteurs en présence, Macky et Maroc, déchainent les passions. Incertitudes, soupçons et  manipulations dégainent en même temps, à qui mieux mieux. Il faut recouper le brûlot au plus vite.

La source: www.cridem.org. Elle n’est ni sénégalaise ni marocaine, mais mauritanienne. Apparemment, Dakar et Rabat se complaisent dans la confusion. « C’est vous qui me l’apprenez…» s’étonnent des sources marocaines proches du cabinet royal. « Je ne sais pas vraiment d’où vient cette information. A l’heure où je vous parle, aucune procédure administrative ou pénale allant dans le sens d’extrader Macky Sall vers Dakar n’est à l’ordre du jour, ou en instance de traitement. Les autorités sénégalaises ne nous ont pas saisis. L’ancien président Macky Sall, qui vit à Marrakech depuis son départ du Sénégal, jouit toujours de la confiance et est bien traité comme résident de marque, ami du Roi Mohamed VI et du peuple marocain. » Suant sang et encre, nos confrères de Confidentiel Afrique concluent au « pétard mouillé. »

Personne ne peut légitimement douter du bien-fondé des arguments de Rabat. Pour l’heure, Macquis Sale ne doit faire l’objet d’aucune procédure d’extradition vers le Sénégal où sa gestion a été sérieusement vilipendée. Du militant lambda du parti Pastèque d’Ousmane Sonko aux institutions financières internationales en passant par l’Honorable Cour des Comptes du pays. Cependant, une nuance crève l’œil. Le site web à l’origine de tout ce boucan ne dit pas que les nouvelles autorités sénégalaises ont demandé d’extrader Macky vers Dakar. Loin de là. Elles auraient formulé une hypothèse : « Si Macky Sall venait à être réclamé par la justice sénégalaise, Rabat devrait impérativement collaborer pour son extradition sous peine de voir les relations entre les deux pays connaitre un revers inouï. » La balle est désormais dans le camp du goubernement sénégalaid, d’ordinaire si prompt à malmener la presse pour des cas infiniment mineurs de diffamation.

Nul n’ignore la complexité des problèmes d’extradition et de résidents permanents. Dans les relations internationales, la discrétion est la règle; le bruit, l’exception. Sauf qu’à l’occasion du Sommet des BRICS en août 2023 à Johannesburg,  Cyril Ramaphosa a dû balancer à Vladimir Poutine qu’il n’est pas le bienvenu en Afrique du Sud. Au risque de se faire épingler pour La Haye. Plus près de nous, géographiquement parlant, Fory Coco n’a dû consulter personne pour coller le nom Sékhoutouréya à son palais fraichement construit par nos camarades chinois. Coïncidence, quand tu nous tiens !

Hadja Kadidiatou Seth Conté, la Deuxième Première Dame, se voit  obligée de quitter la Suisse pour perte de titre de résidence. Le Maroc de Hassan II est tout indiqué pour une nouvelle destination. Le Souverain chérifien qui héberge Aminata Touré, la fille de son père, ne veut pas voir des problèmes guinéo-guinéens ternir l’image du Royaume. Surgit alors du génie cocoforiste un nom conciliateur, Sékhoutouréya, bien malléable de tout locuteur guinéen d’où qu’il vienne. La boucle est bouclée dans la paix et la réconciliation. Qui est fou ?

Diallo Souleymane