Le général Mamadi Doumbouya a gracié Moussa Dadis Camara pour des raisons de santé le vendredi 28 mars. Le Rpg dont les cadres malades croupissent en prison dénonce une décision discriminatoire.
Samedi 29 mars au siège du Rpg arc-en-ciel à Gbessia, Mohamed Lamine Kamissoko, du bureau politique, a déclaré que Moussa Dadis Camara, condamné dans le massacre du 28 septembre 2009, a été gracié plutôt que pour des raisons politiques. Pour Kamissoko, l’ex chef de la junte va, en contrepartie, faire adhérer la Guinée forestière (sa région d’origine), au projet du CNRD qui voudrait confisquer le pouvoir. Le plan est selon le Rpgiste, Dadis ira se soigner et revenir battre campagne au compte de la junte, pour les échéances électorales à venir. « Nous avions appris cela depuis 5 mois, ils ne peuvent pas manipuler le peuple. Si les morts du 28 septembre pouvaient se réveiller, ils allaient se révolter contre Mamadi Doumbouya », peste Kamissoko.
L’ancien député du Rpg croit que Moussa Dadis Camara n’est pas plus malade qu’Ibrahima Kassory Fofana, ancien Premier ministre ou Amadou Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale à qui, on refuserait de se faire soigner hors de la Guinée. « C’est là, le caractère discriminatoire de la junte. Ce qui montre la détermination des militaires contre le Président Alpha Condé et son parti. Ils ont le mépris et la haine contre lui. On l’amène en exil. On met les gros poids de son régime et de son parti en prison, on passe par des manipulations et des machinations pour rallier ses militants derrière un putschiste Ce n’est pas possible », persiste et signe, Mohamed Lamine Kamissoko, qualifiant la grâce dont a bénéficié Dadis Camara « d’acte populiste qui consiste à faire adhérer la Guinée forestière à la cause des militaires. Mais, ils oublient que Moussa Dadis Camara n’a pas de parti politique, il n’est pas un leader politique. Il ne peut pas donc embarquer la Guinée forestière, car beaucoup de citoyens dans la région sont victimes de l’injustice. Alors s’ils pensent avoir opéré une bonne politique, ils se trompent. Cela ne changera rien ».
Par ailleurs, l’ancien député rappelle que le peuple de Guinée s’est levé contre Moussa Dadis Camara en 2009, contre sa volonté de s’éterniser au pouvoir après le décès du général Lansana Conté. « Mamadi Doumbouya, un autre militaire, a fait un coup d’État très sanglant contre un élu du peuple. Comment le peuple, dans toutes ses composantes, fait bonne figure à lui et tourne le dos à Moussa Dadis Camara ? C’est injuste. On bloque l’un, on favorise l’autre. En vertu de quoi, honnêtement ? », s’interroge-t-il.
Comment indemniser les victimes du 28 septembre 2009 ?
Mohamed Lamine Kamissoko dénonce l’incohérence dans les décisions du Comité national du rassemblement pour le développement, CNRD : d’un côté on s’engage à indemniser les victimes du massacre du 28 septembre 2009, de l’autre, on gracie l’un des responsables du crime. « Toutes ces décisions sont politiques. Indemniser les victimes du massacre du 28 septembre en tant que tel, est un caractère social très haut », affirme-t-il. Mais, il se demande où les autorités de la Transition trouveront cet argent, alors que plusieurs projets de l’État seraient bloquées, faute de fonds.
Yaya Doumbouya