Sommés de quitter les lieux qu’ils occupent depuis plus de 30 ans, les commerçants du marché Bantounka 1 (Cosa), commune de Lambanyi, se sont massivement mobilisés lundi 24 mars. Histoire d’attirer l’attention du président de la transition, le général Mamadi Doumbouya sur le risque qu’ils encourent. Ils exigent le départ, sans délai, du président de la délégation spéciale de Lambanyi, Fafa M’Bira Manè.

Munis des pancartes et d’une banderole où l’on pouvait lire : « Aidez-nous M. le président, vive la paix à Cosa, à bas l’opérateur corrompu, vive le CNRD, à bas le maire de Lambanyi », ils ont manifesté pacifiquement avant de livrer leur message devant la presse. « Nous demandons au général Doumbouya de nous aider. Des individus mal intentionnés sont venus nous donner un délai de 72 heures pour libérer notre marché. Nous avons fait des démarches et avons compris qu’ils sont dans l’erreur. En réalité, c’est le fait que Cosa n’enregistre plus de manifestations comme avant qui ne leur plaît pas. Ils veulent donc s’attaquer à notre marché pour que nous manifestions, afin de les satisfaire. Mais ils oublient qu’ici désormais, nous prônons la paix, nous ne sommes plus pour la violence. Nous sollicitons son aide pour sauver notre marché. On est en train de mentir sur le président, en disant que c’est lui qui a ordonné la réquisition de ce marché, que les opérateurs économiques qui sont ici n’aiment pas le président. Nous lui demandons de nous aider à retirer ce marché des mains de ces opérateurs corrompus. Qu’il soit rassuré, nous l’avons soutenu hier, nous le soutenons aujourd’hui et nous le soutiendrons encore demain », a déclaré le porte-parole du collectif des commerçants, Thierno Marouf Bah. Il enchaîne : « c’est le maire de la commune de Lambanyi qui a facilité toute cette manigance. Cette affaire de bail remonte à l’époque où les communes n’étaient pas encore divisées. Un certain Sacko est derrière tout cela, avec un actionnaire nommé Maladho, qui serait trésorier de l’UFDG. À l’époque, ils ont attribué tous les marchés de Ratoma uniquement pour faire souffrir nos mamans. Que le Président nous vienne en aide ! Cette affaire de bail est nulle et non avenue, c’est juste un prétexte pour semer des troubles ici. Nous ne voulons plus de désordre à Cosa », accuse-t-il.

Très remontée, dame Ramatoulaye promet que les femmes ne quitteront pas les lieux. « Si le Général Doumbouya accepte qu’on nous déguerpisse de ce marché, alors qu’il se prépare à nous accueillir au Palais Mohammed V. Nous arrivons, afin qu’il nous montre où nous allons nourrir nos familles. Si un bailleur souhaite acheter un domaine, qu’il le fasse ailleurs pour construire ses buildings et accueillir qui il voudra. En tout cas, notre marché ne sera pas revendu à un tiers. Ce lieu n’est pas un domaine de l’Etat. Si nous partons chez lui et qu’on lui dise de quitter sa maison avant 72 heures, est ce qu’il acceptera ? Comment est-ce que le désir d’une seule personne peut affecter de milliers d’autres ? C’est méchant ! Nos parents se sont installés ici les premiers, c’est dans ce marché que nous cherchons de quoi nourrir nos familles respectives. Nous n’avons nulle part où aller, encore moins où gagner de quoi nourrir nos familles », renchérit-elle.

Rappelons que plus de 2 000 personnes travaillent dans le marché Bantounka1. Le 15 avril prochain est la date butoir donnée aux commerçants pour quitter les lieux, au risque de se faire déguerpir.

Kadiatou Diallo