La grâce accordée par le président Mamadi Doumbouya à Moussa Dadis Camara, condamné à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité, continue de susciter l’indignation en Guinée et à l’étranger.
L’ONG britannique Human Rights Watch (HRW) a qualifié cette décision de « choc », soulignant son caractère prématuré et ses implications pour les victimes du massacre du 28 septembre 2009.
Un calendrier controversé
Tamara Aburamadan, conseillère en justice internationale à HRW, a exprimé sa consternation face à cette grâce, intervenue « moins d’un an après le verdict de juillet le condamnant pour crimes contre l’humanité et alors qu’une procédure en appel est toujours en cours« . Cette rapidité suscite des interrogations quant aux motifs réels de cette décision, officiellement justifiée par des « raisons de santé ».
Les victimes, grandes oubliées ?
HRW rappelle que les victimes du massacre de 2009, au cours duquel plus de 150 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres violées, attendent justice depuis 15 ans. « Sa condamnation l’année dernière a été saluée par de nombreuses victimes qui y ont vu au moins une certaine forme de justice« , souligne Tamara Aburamadan. La grâce de Dadis Camara risque donc de raviver leur douleur et leur sentiment d’injustice.
Des questions juridiques en suspens
L’organisation de défense des droits humains met également en doute la légalité de cette grâce au regard du droit international. Elle rappelle que la grâce ne peut être accordée qu’en l’absence de « traitement spécial » et si la libération résulte d’une « détermination médicale indépendante, complète et conclusive établissant la gravité de son état de santé ». De plus, la procédure d’appel en cours soulève des interrogations quant à la légalité de cette décision au regard du droit guinéen.
Un acte discrétionnaire qui divise
La grâce de Dadis Camara, bien qu’étant un acte discrétionnaire du président Doumbouya, suscite une vive controverse. HRW appelle à un « examen judiciaire par une cour de justice en Guinée » afin de clarifier les circonstances de cette décision et de garantir le respect des droits des victimes.