Le Conseil national de la Transition (CNT) a lancé jeudi 6 mars à Cona-cris, les travaux du Comité des experts chargés de la relecture finale de l’avant-projet de la nouvelle Constitution. Cette ultime phase de relecture s’étendra sur une période de quinze jours. Elle vise à intégrer les recommandations issues de la dernière immersion gouvernementale.

Le Comité est composé d’experts nationaux aux profils variés : juristes, magistrats à la retraite, enseignants, sociologues, anciens maires, anciens ministres, économistes. Leur mission est de scruter minutieusement le texte afin d’assurer son alignement avec les aspirations du peuple guinéen et d’éviter les écueils des constitutions précédentes.

La cérémonie de lancement s’est tenue dans une salle exiguë d’un hôtel de Conakry. Des  ratés organisationnels il y en a eus, notamment une présentation des experts mal maîtrisée par le maître de cérémonie, rapidement remplacé.

L’objectif du CNT est de doter la Guinée d’une Constitution capable de perdurer au moins 30 ans sans modifications majeures, instaurant une culture de stabilité constitutionnelle. Comme l’a souligné le ministre de la Justice, Yaya Kaïra-bat Kaba : « L’histoire récente du pays a montré que l’élaboration d’une constitution ne peut se limiter à une simple formalité juridique. » Il a insisté sur le fait que trop souvent, les constitutions ont été imposées sans véritable adhésion populaire, ce qui a conduit à des crises de légitimité. « Ce projet constitutionnel diffère des précédents. Il est le fruit d’un effort collectif sans précédent, intégrant toutes les couches sociales et les forces vives de la nation. C’est une constitution fondée sur l’inclusion et les aspirations les plus profondes du peuple guinéen ». Amen !

Constitution robuste, stable

Représentant le Président de la Transition à la cérémonie, le Général de Brigade Amara Camara, ministre secrétaire général de la Présidence, a mis en avant l’importance d’une approche méthodologique rigoureuse. « Il est impératif que ce travail soit bâti sur des principes de transparence, d’intégrité et d’inclusion », a-t-il martelé. Selon lui, le manque de solidité des constitutions précédentes et l’absence d’une véritable prise en compte des attentes populaires ont été les causes majeures des crises successives en Guinée.

Le général a insisté sur la nécessité d’une constitution robuste, capable de résister aux épreuves du temps et aux dérives institutionnelles. « Il s’agit de construire des institutions solides, capables de résister aux pressions et à la tentation des hommes. Une constitution robuste est un fondement essentiel pour garantir la pérennité de notre démocratie et la protection des droits de tous les Guinéens. Il est donc impératif que ce travail que nous entreprenons ensemble soit bâti sur des principes de transparence, d’intégrité et d’inclusion. »

Il indique que le Président de la Transition pourrait prolonger la période de relecture si nécessaire, afin de garantir un texte final à la hauteur des attentes nationales. Il a transmis l’invitation du président de la Transition, qui prévoit de recevoir les experts, accompagnés du président du CNT. Histoire de leur donner les dernières directives.

Relecture et non réécriture

Le président du CNT, Dansa Kourouma, a précisé que cette mission ne constitue pas une réécriture de la constitution, mais bien une relecture finale. « La conception d’une constitution est l’affaire de toutes et de tous. Nous avons veillé à ce que ce panel ne soit pas uniquement composé de juristes. La constitution exige une connaissance approfondie du droit, mais aussi une compréhension des réalités guinéennes. » Selon le président du CNT,  la future nouvelle constitution « n’est ni une constitution francophone ni une constitution anglophone, ni une constitution de la CEDEAO. C’est une constitution guinéenne, rédigée par des experts guinéens qui connaissent les réalités du pays. »

Une fois la relecture achevée, l’avant-projet devra être soumis à une plénière du CNT pour validation, avant d’être présenté au peuple guinéen lors d’un référendum. Ce processus vise à garantir l’adhésion populaire et à conférer à la future Constitution une légitimité incontestable. Avec cette initiative, le CNT dit s’engager à poser les bases d’une nouvelle ère institutionnelle en Guinée, marquée par la stabilité, la transparence et le respect des aspirations du peuple.

Abdoulaye Pellel Bah