Le 8 mars, à l’assemblée générale ordinaire du Rpg arc-en-ciel, des cadres ont fustigé les violations de la Charte de la transition de la part de la junte qui s’apprêterait même à éliminer des partis politiques.

Marc Yombouno, du bureau politique du Rpg arc-en-ciel, accuse la junte de vouloir se maintenir au pouvoir contre son engagement à rendre le pouvoir aux civils en deux ans de transition échus le 31 décembre 2024.

Il estime que le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) aurait dû expliquer au peuple de Guinée les raisons de son échec pour le retour à l’ordre constitutionnel. « Le CNRD considère que la transition est un volet, la refondation un autre, or la Charte de la transition n’en a pas fait mention. Pour nous, la transition est terminée depuis le 31 décembre 2024 », indique-t-il.

Selon le président de la transition, Mamadi Doumbouya, toutes les élections se tiendront cette année. Mais, pour l’ex-parti au pouvoir, il est peu probable que cela se fasse dans la mesure où ni un fichier électoral ni un code électoral, ni un organe de gestion électorale, encore moins une Constitution ne sont disponibles. Selon les autorités, le fichier électoral sera tiré du Plan national du recensement administratif à vocation d’état civil (PN-RAVEC). Marc Yombouno s’en prend au Premier ministre, Amadou Oury Bah, qui n’a pas précisé, dans sa conférence de presse du 5 mars, quand le PN-RAVEC prendra fin. « Les agents recenseurs sont en grève un peu partout dans le pays. Tout est bloqué. Il n’y a plus aucune visibilité », dénonce-t-il.

L’ancien ministre du Commerce soupçonne la junte de manœuvrer pour éliminer les « grands » partis politiques (RPG, UFDG, UPR), afin de se pérenniser au pouvoir. Selon lui, le Rpg arc-en-ciel existe et existera toujours avec ou sans Alpha Condé. « Notre parti est une institution. Rien ne pourra l’ébranler » jure-t-il.

Piques à la France

Le 7 février, lors d’un point de presse, le porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la France, Christophe Lemoine, a exprimé l’inquiétude de son pays face aux multiples cas de disparitions en Guinée. Il a invité les autorités guinéennes au retour à l’ordre constitutionnel et à faire la lumière sur les cas des disparitions.

« La France aurait agi depuis longtemps. Pourquoi attendre après tant de malheurs (kidnappings, disparitions) pour une mise en garde. C’est qui est bizarre, c’est que la France n’a nullement parlé de Saadou Nimaga (ancien Secrétaire général du ministère des Mines et de la Géologie), de nos camarades (Ibrahima Kassory Fofana, Mohamed Diané, Amadou Damaro Camara, Ibrahima Kourouma) des prisonniers politiques. La France considère-t-elle qu’il y a des citoyens de seconde zone ? C’est un bémol », regrette Marc Yombouno.

Yaya Doumbouya