Devant le tribunal de première instance de Kaloum lundi 24 mars, Samuel Koundoua Koumassadouno a rejeté les accusations de détournement de deniers publics portées contre lui par l’Agent judiciaire de l’Etat. Le Directeur des affaires financières du Centre hospitalo-universitaire Ignace Deen est accusé, avec le Directeur général de cette structure, professeur Mamadou Dadhi Baldé et l’agent comptable, Oumar Yansané, d’avoir subtilisé plus de 866 millions de francs guinéens.

Après le professeur Dadhi Baldé et Oumar Yansané, c’est le tour à Samuel Koundoua Koumassadouno de donner sa version des faits dans l’affaire les opposant à l’Agent judiciaire de l’Etat. Le DAF du CHU Ignace Deen nie d’entrée avoir participé au détournement des 866 millions de francs guinéens destinés à l’hôpital. Comme ses coaccusés, il dit que le montant incriminé a servi à l’achat du matériel informatique (ordinateurs, imprimantes et accessoires) pour les cadres de la direction générale, à l’achat des blouses et kites opératoires, à payer les ristournes des cadres des différents services, les salaires des contractuels ou encore à la réfection d’une des passerelles. Samuel Koumassadouno dénonce une procédure judiciaire mise en branle dans l’unique but de les salir et de faire tomber le DG : « Nous sommes tous innocents, c’est une façon d’obtenir la tête du directeur général et ses proches collaborateurs. Le timing de l’inspection peut en faire foi, elle a attendu notre absence, pour faire les choses. » Le prévenu accuse les inspecteurs d’avoir violé le manuel de procédure qui régit l’Inspection générale d’Etat : « Pour démarrer une inspection, il faut une lettre d’ouverture. Dans cette procédure, celle-ci n’a jamais existé. Les inspecteurs, dans leur volonté de nuire, ont refusé de passer dans les bureaux, pour constater les achats effectués par la direction ou voir la caisse. Il se sont contentés de dire des contrevérités. Les inspecteurs étaient mission commandé..e contre les responsables d’Ignace Deen…»

Samuel Koundoua Koumassadouno égratigne aussi l’Agent judiciaire de l’Etat et son avocat : «Maître Alpha Amadou DS Bah, on vous connaît défenseur des droits humains, des causes nobles, ne vous associez plus à ce genre de dossiers. Vos mandants ne vous ont pas dit la vérité dans cette affaire. Ils veulent se servir de vous pour atteindre des objectifs inavoués.»

L’avocat de l’Etat a réitéré sa demande de comparution des inspecteurs, pour lever l’équivoque sur la contradiction entre les conclusions de leur rapport définitif et la version des prévenus : « Leur présence est indispensable pour la compréhension du tribunal. » Demande à laquelle s’oppose catégoriquement la défense : « Comment la partie civile peut nous dire qu’elle cherche à comprendre le rapport alors que c’est elle qui a initié la procédure ? C’est maintenant qu’elle cherche à comprendre son propre dossier ? On ne peut pas jeter en pâture les gens et se mettre à chercher les preuves », s’insurge Me Mohamed Traoré. Jusque-là opposé à la comparution de ces inspecteurs, le ministère public change finalement de décision : « Notre compréhension du dossier a évolué, nous pensons qu’ils doivent désormais comparaître », déclare le substitut du procureur, Mohamed Bangoura. Le juge ordonne leur comparution et renvoie l’affaire au 28 avril prochain.

 Yacine Diallo