Alors que l’Union des forces démocratique de Guinée projetait son congrès pour les 19 et 20 avril, le Cercle des amis de Gaoual (faction acquise à l’exclu Ousmane Gawa Diallo) a annoncé le 27 février la tenue du sien les 12 et 13 du même mois. Face à l’imbroglio, la justice veut jouer aux arbitres.

Le navire Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) va-t-il prendre l’eau ? Le CERAG, faction agissant au nom et pour le compte du ministre porte-voix du goubernement, entend bien tenir tête à La Petite Cellule Dalein Diallo et à ses lieutenants. Certainement fort de quelqu’un ou de quelque chose, il veut aussi organiser son propre « congrès extraordinaire » les 12 et 13 avril prochain, une semaine avant celui de l’UFDG. Une manière de couper l’herbe sous les pieds des loyalistes et porter Ousmane Gawa à la tête du parti : « Un congrès extraordinaire ? Oui, parce que depuis 2015, l’UFDG n’a pas organisé de congrès. Le parti fonctionne toujours avec les mêmes textes… Nous allons à la reconquête de l’UFDG à travers un congrès inclusif. Tous les militants ayant les capacités morales, intellectuelles et physiques, pourront se présenter à la présidence du parti face à Ousmane Gaoual Diallo », déclare Lamarana Petty Diallo, prési du CERAG. Même que son patron, vainqueur, va insuffler un « nouvel élan au parti et bannir le culte de la personnalité. » Sans démagogie.

UFDG, Union des forces dictatoriales… ?

L’UFDG prévoyait d’organiser son congrès les 19 et 20 avril prochain. Évidemment sans la participation d’Ousmane Gawa Diallo, exclu du parti pour inconduite. Unique candidat incontesté : La Petite Cellule Dalein Diallo. Les responsables disent ne craindre la concurrence d’un quelconque membre du parti. Un congrès illégalement programmé, dénonce Lamarana Petty Diallo : « L’UFDG ne respecte pas les textes du parti, seul le Bureau exécutif peut convoquer le congrès. C’est un Conseil politique réunissant une poignée de proches du président qui a convoqué le congrès. L’acte n’a aucune valeur juridique, parce qu’il n’émane pas du Bureau politique. »

Le CERAG, comme l’UFDG, veut réviser les textes qui régissent le fonctionnement du parti. L’UFDG permettrait désormais au président de nommer vice-présidents, secrétaire exécutif ou permanent (nouveau poste), de décider à propos des fédérations sans nécessairement aviser le Conseil politique ou le Bureau exécutif, ou encore de supprimer purement et simplement les 40 postes de secrétaires nationaux prévus par les statuts. Pour des débats plus libres et démon-crac-tiques. « Lorsqu’un parti politique ne procède plus au vote, lorsqu’il n’y a plus de débats internes, il n’a qu’à se transformer en monarchie. Et nous ne voulons pas de cela », peste Lamarana Petty du CERAG. Y a qu’à voir comment le bled est géré pour s’en convaincre.

Pas de congrès jusqu’à nouvel ordre

Lors de sa conf de stress, Lamarana Petty Diallo prédisait déjà craindre la suspension de l’UFDG, pour n’avoir pas renouvelé ses instances dans le délai imparti (avant le 31 décembre) par le mystère de l’Administration du trottoir. Lamarana a saisi le département pour plaider une rallonge. « Nous ne voulons pas assister, en spectateurs, à la disparition de ce parti. Nous voulons le redresser », rassure-t-il.

A la place du MATD, c’est plutôt la justice qui entre dans la danse. Le 28 février, lendemain de la sortie médiatique du CERAG, le tribunal de première instance de Dixinn a interdit l’organisation de tout congrès, jusqu’à nouvel ordre. Saisie par Ousmane Gawa Diallo pour contester son exclusion, la juridiction avait ordonné sa réintégration au sein de l’UFDG. Un procès qui s’était déroulé sans le camp adverse qui a fait opposition. Conséquence : l’affaire est toujours pendante devant le tribunal. « L’affaire sera rejugée par la même juridiction parce que la procédure avait été faite à notre insu », explique Me Amadou Diallo, un des avocats (sans vinaigrette) du parti. L’avocat évoque « une mesure provisoire, en attendant que l’affaire soit reprogrammée. Nous attendons l’ouverture du procès pour exposer les arguments du parti. »

L’UFDG dit avoir appris la suspension de son congrès par voie de presse. Ses responsables crient à une décision politique tendant à empêcher le congrès. Le CERAG ne semble pas gêné outre mesure : « Ce sont eux [le camp adverse] qui vont bientôt être dans l’illégalité. Ils en récolteront les conséquences », assène un responsable qui a requis l’anonymat.

Un arbitrage contesté

L’UFDG ne semblait donner aucune importance à l’annonce du CERAG et comptait dérouler son agenda sans anicroches. Mais voilà que la justice chamboule tout. Une épine dans les pieds du parti, lequel reste non seulement suspendu à la décision judiciaire, mais doit également gérer l’ultimatum du MATD. Les nerfs commencent à se tendre à l’UFDG. Un de ses responsables redoute que le CNRD s’engouffre dans la brèche. « Nous savons qu’il y a des personnes tapies dans l’ombre, qui poussent Ousmane Gaoual Diallo. Il joue leur jeu pour anéantir le parti ».

Pour Samuel Kourouma, membre du bureau politique, le congrès reste maintenu jusqu’à preuve du contraire : « Nous allons interjeter appel contre cette décision injuste et faire le congrès aux dates prévues. » Le 28 février, une réunion d’urgence s’est tenue au quartier général de l’UFDG pour définir la marche à suivre. Décision aurait été prise de conteste, illico dare-dare, la mesure. « Cette décision n’a pas de base légale, nous l’attaquerons parce qu’elle est contraire à la loi », déclare Me Salifou Béavogui, un autre avocat (sans vinaigrette) de l’UFDG.

Yacine Diallo