A en croire, les interpellations dont nous avons fait l’objet ces derniers temps, il y aurait une crise de liquidité qui affecterait la BCRG. Étant donné l’intérêt que revêt un tel sujet, il nous est venu à l’idée de rappeler en quelques mots les conséquences d’une telle situation, car, un autre collègue a déjà abordé ce sujet dans toutes ces facettes.

Une crise de liquidité est nuisible à l’économie, elle entrave le bon déroulement des activités économiques, affecte la rentabilité des entreprises, décourage les investisseurs etc. Bref, elle entraîne une crise financière si elle n’est pas traitée rapidement avec tact et pédagogie.

Si la crise de liquidité à la BCRG s’avérait, elle viendrait avec son cortège de malheurs amplifier une crise de confiance qui existe entre une certaine catégorie de clients et les banques de la place. Crise qui trouve son explication essentiellement dans la méconnaissance du mode de fonctionnement des banques et en grande partie à la déficience du régulateur.  

C’est pourquoi nous pensons qu’il serait indispensable de résoudre rapidement cette éventuelle crise de liquidités au risque de s’exposer à des conséquences indésirables qui pourraient entraîner une panique totale des agents économiques ayant des comptes en banque. La BCRG devrait communiquer très rapidement pour couper les ailes de la rumeur.

Il convient de noter que lorsque la liquidité de la Banque Centrale est affectée, cela se transmet par effet de contagion à l’ensemble du système bancaire guinéen. A rappeler que la liquidité d’une banque renferme ses disponibilités en monnaie centrale, le montant de son compte courant créditeur à la banque centrale, les billets en caisse ainsi que le montant de ses comptes courants créditeurs dans d’autres banques dont elle peut toujours exiger la contrepartie en monnaie centrale.

Lorsqu’il manque de liquidité aux banques primaires, la Banque Centrale injecte dans le circuit de la monnaie en fonction du besoin de l’économie par le biais de la politique monétaire expansionniste. Mais, ce faisant, elle doit toujours avoir à l’esprit la bonne santé de l’économie, en évitant les effets inflationnistes.

Etant donné ici que le problème ne se situerait pas pour l’instant au niveau des banques primaires mais plutôt au sein de la BCRG (quoique certaines petites banques de la place ne puissent jamais payer les chèques émis avec des gros montants, et cela depuis lustres), le problème pourrait être résolu facilement surtout que l’on a tendance à émettre habituellement des billets de banque sans que cela ne corresponde à l’évolution des fondamentaux. Je n’encourage pas la planche à billet, je rappelle juste un fait.

Bref, je pense que la politique monétaire de la BCRG devrait répondre efficacement aux besoins des agents économiques afin de leur permettre de réaliser les échanges qu’ils souhaitent, et participer ainsi à la croissance économique. Cela ne veut pas dire aussi qu’il faut noyer l’économie nationale sous un flot inconsidéré de monnaie, déconnecté de ses capacités productives. Mais, la meilleure politique monétaire du monde ne saurait réussir sans l’autonomie de la Banque Centrale vis-à-vis de l’exécutif. Il est certes conseillé de financer son économie à travers l’épargne nationale mais, cela s’applique à des pays à revenu élevé, donc qui disposent d’une épargne digne de ce nom.

Dans un pays comme le nôtre où le revenu est alloué à la consommation, le financement des grands projets d’envergure (cas des infrastructures économique et sociale par exemple) se fait en partie à travers les fonds oisifs des banques à la BCRG cf. Multiples émissions d’Obligations du Trésor au cours de ces dernières années. Ce qui pose parfois problème, si les banques primaires ne parviendront pas à décaisser les montants dont elles ont besoin, elles ne risqueront plus d’en déposer, faute de confiance. Alors, la régulation du système risque d’être très compliquée. 

Safayiou Diallo

Economiste