L’opération de démantèlement des zones criminogènes a été relancée à Conakry, mardi 29 avril. A cette occasion, le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry est monté au créneau contre l’insécurité, la consommation de drogue et la prostitution. Le magistrat a dressé un tableau alarmant de la situation à Conakry.
« On ne peut pas parler de développement, de paix, de tranquillité sans sécurité. Actuellement, Conakry est devenue, il faut le dire, une zone invivable pour certains », a-t-il déclaré Fallou Doumbouya, procureur général de la Cour d’Appel. Il s’insurge également contre l’inaction de certains acteurs locaux, face à ces pratiques devenues courantes dans les quartiers. « Ce que nous déplorons souvent, c’est que cette prostitution se fait au vu et au su des autorités territoriales, des services de sécurité, des chefs de quartier, mais aussi des administrateurs de marchés, qui ont pourtant une mission de police administrative. Si la police administrative agissait en amont, la police judiciaire pourrait se reposer », a-t-il martelé.
Mettant en lumière le lien étroit entre la prostitution et la consommation de drogues, le procureur qualifie ces phénomènes comme étant deux fléaux sociaux majeurs. « Quand je parle de fléau, je fais également allusion à la drogue, qui accompagne souvent la prostitution. Nous invitons les responsables territoriaux à agir en amont, afin que nous puissions éradiquer ce fléau qui gangrène notre société ».
Fallou Doumbouya a aussi rappelé que la lutte contre l’insécurité ne relevait pas uniquement de la justice ou de la police, mais d’un effort collectif. « On pourrait penser que l’insécurité est un problème de société, mais il faut prendre conscience que nous avons une mission commune. Lutter contre ce mal. Nous, au sein de la chaîne pénale, du parquet d’instance au parquet général, avons une volonté inébranlable et un engagement ferme à y mettre fin », a-t-il affirmé.
Il a enfin interpellé tous ceux qui hésiteraient à s’impliquer pleinement dans cette mission, en ces termes : « Pour ceux qui ne sont pas prêts, c’est le moment de démissionner. »
Malgré les efforts consentis par le parquet général, la criminalité continue de sévir à Conakry. On assiste à une recrudescence des enlèvements, assassinats, vols, viols, consommation de stupéfiants nuisibles à la santé, ainsi qu’à la prostitution, où récemment, dans le quartier Kipé, des travailleuses de sexe ont été agressées par de jeunes se disant hostiles à ces pratiques.
Mariama Dalanda Bah