Au compte du Fouta-Djalon, la ville de Mamou a cueilli, les 25 et 26 avril, la Marche de l’unité et du rassemblement. Une campagne électorale avant l’heure, pour tresser des lauriers au CNRD et baliser le chemin à la candidature présidentielle de son Prési, le général Mamadi Doum-bouillant.
Dans son offensive de charme, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) ne néglige aucun buisson, même ceux réputés chasse gardée de l’opposition. D’une région à l’autre, il ratisse large, à l’orée des échéances électorales, du référendum constitutionnel du 21 septembre prochain. Après les Marches de la paix et de l’unité à Kankan et du Rassemblement à Kindia en février dernier, celle du Progrès et de l’avenir à Boké début avril, Mamou entre dans la danse. Le mouvement de soutien Fouta Fôtti Fii Général Mamadi Doumbouya [Fouta s’accorde pour Mamadi Doumbouya] voulait se distinguer. Mais, des tares désobligeantes ont entaché çà et là le rendez-vous. Excès d’engagement ou de zèle ?
Bien étoffée était la délégation officielle dans la Ville carrefour : Bouba Yacine Diallo de la HAC, des hics et des tactiques ; les ministres à la Présidence Amara Cas-marrant, Dji-bas Diakité et Thierno Mamadou Bas. Côté membres du goubernement : Mori-sans-dents Kouyaté des Affres étranges, Diallo le Bas-cireur de chaussures de la Sécu, Bouna le Scylla des grises Mines, Ousmane Gawa Diallo des Transports, Fana Sous-mât de l’Info com, Mahamadou Ablo Diallo des Travaux poussifs, Moussa le Moïse de la Culture de manioc, Jah mille Diallo de l’Environnement, Alpha Bacar Barrit de l’Enseignement supérieur, Faya Franc-soit Bourouno de la Ponction publique… mais aussi la gêné-râle Ami Diallo de la Caisse (de résonnance) nationale de prévoyance sociale. Le PM Amadeus Oury Bah, lui, était en immersion profonde à Koundara et Lélouma.
Lecture du Coran, prières et…soirée dansante !
Les hôtes de marque (déposée) de Mamou, tous vêtus de leppi (tissu traditionnel du Fouta) et les hommes coiffés de poutô (bonnet traditionnel), ont assisté à la lecture du Coran vendredi 25 avril, à la place des Martyrs. Annonce y a été faite que le Prési de la Transition, général Mamadi Doum-bouillant, a offert quatre teufteufs à la notabilité de la ville-carrefour. S’en est suivie une pose de la première pierre de la réhabilitation de la route nationale Mamou-Faranah, de 187 km. Quid de celle Mamou-Labé ? Pourtant en mars dernier, la reconstruction des deux tronçons avait été annoncée au même moment par le premier des ministres, Amadeus Oury Bah. Après la prière du vendredi dans la grande mosquée, Amara Cas-marrant et Cie ont inauguré le nouveau siège de la Compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS-10) et lancé le projet d’adaptation au changement climatique pour les préfectures de Mamou et de Kindia.
La journée du 25 avril a été aussi marquée par un panel sur le projet Simandou, animé par Bouna le Scylla des grises Mines à l’Institut supérieur de technologie de Mamou. La soirée a été agrémentée par des prestations artistiques sur l’esplanade de la Maison des jeunes de ladite ville.
Loyer à prix d’or….
A l’occasion, Mamou s’est refait une beauté. La voie principale longeant la ville a été colmatée, les caniveaux curés, les immondices raclées. Une partie de l’enceinte de la maison des jeunes cassée, pour faire de la place aux invités ; coins et recoins de la ville parés aux effigies du Doum-bouillant. Naturellement. Bouna Scylla, natif de Mamou, s’y est investi.
Les chefs de quartier aussi. Leur rôle : convaincre, avec des t-shirts, les réticents, à se joindre à l’événement. Souvent, avec « favoritisme », se plaint une enseignante.
La ruée vers Mamou a entraîné la cherté des loyers. Hôtels, résidences, auberges, même des maisons de particuliers, parfois en chantier, ont été pris d’assaut par les hôtes de marque (déposée). « Une chambre se négocie entre 700 000 Gnf à 1 000 000 Gnf, la nuitée. Tous les hôtels et les résidences privées sont occupés », témoigne Mariame Ciré Diallo, habitante de Mamou. Beaucoup de jeunes se sont lancés dans le business, cédant leur logis contre espèces sonnantes et trébuchantes. « Même les auberges, dont la nuitée ne dépassait guère 80 000 Gnf, ont multiplié les frais par dix voire plus. La nuitée se négocie entre 800 000 et 1 000 000 Gnf. Pour une chambre, sans aucune commodité, on débourse au minimum 500 000 Gnf la nuitée», explique un con(.)frère. C’est la loi de l’offre et de la demande, non ? Une résidence accueillant des visiteurs a pris feu dans la soirée du 24 avril au quartier Pétel. Sans faire de victime. Heureusement.
…mangues gratuites
Comme la Marche du progrès et de l’avenir du 12 avril à Boké, plusieurs jeunes ont été transportés depuis Cona-cris, par bus. Histoire de parer à toute éventualité. En guise de test, des gens-saignants avaient marché le 21 avril, en soutien au CNRD et au général Doum-bouillant, à l’instar d’autres buissons du bled. Patatras.
Le 24 avril, de nombreux visiteurs, sans logis, se sont retrouvés à la belle étoile. « Nombreux jeunes sont laissés pour compte, une fois arrivés à Mamou. Ils n’ont reçu aucun sou. Ils seront payés une fois l’évènement bouclé, dit-on. Pour le moment (18h, ndlr), beaucoup sont en train de se nourrir de mangues », ajoute le con(.)frère.
Très engagé, Boubacar Courroux-ma était à Kindia et à Boké. Mais, il a renoncé cette fois-ci à la dernière minute, pour des « raisons personnelles. Il y a eu des bus partout dans les carrefours de Conakry pour transporter les gens à Mamou. On vous promet 500 000 Gnf pour tout le séjour, mais si tu ne reçois pas le fric avant le départ, tu es foutu. Tu n’auras plus rien à l’arrivée. Beaucoup de mes amis errent dans les rues là-bas, sans ressources », confie-t-il.
La Marche de l’unité et du rassemblement est partie du Quartier 7 kilomètres pour la Maison des jeunes, au cœur de la ville. Parmi les marcheurs, des nouveaux alliés de la junte : Lamine Waraba Sacko du Rpg arc-en-ciel ; Diao Baldé, ex-opposant nouvellement bombardé chef de cabinet du mystère de l’Environnement ; Cellou Ta-Baldé, Maladho Diallo et Joachim Baba Millimuono de l’Union des forces démocratiques de Guinée.
Yaya Doumbouya,
envoyé spatial à Mamou,
cloué à Cona-cris