Révoltant, le spectacle quotidien des longues files d’attente des citoyens en quête d’une éventuelle occasion (taxi, bus, minibus, motos) pour se rendre au centre-ville, ou rejoindre en fin de journée leurs domiciles. Au regard de sa configuration géographique, notre capitale s’étire en longueur. Particularité : le centre administratif est concentré dans la commune de Kaloum. Conséquence, l’on assiste dans la matinée et en fin de journée à un flux et reflux des usagers de la route. Cette désopilante situation dénote tout simplement la faillite de la gestion des transports publics. Aucune initiative n’est prise pour améliorer la mobilité des usagers de la route. A contrario, on va de mal en pis avec la dégradation des services offerts par le ministère des transports.
Pour ce qui concerne le transport urbain et suburbain, à part les débuts prometteurs de la défunte SOGETRAG des années 80, ce secteur combien important s’est progressivement dégradé au fil des ans. Faute d’une politique réaliste et ambitieuse, les sociétés mise en place pour assurer le transport urbain et suburbain ont toutes pratiquement échoué. Contrairement au Sénégal et à la Côte d’Ivoire, notre ministère des transports est incapable d’assurer une saine gestion des différentes sociétés implantées chez nous. Il est pourtant établi qu’une société de transport, publique ou mixte, ne peut prospérer sans un budget conséquent, avec des conditions bien précises comme entre autres une saine gestion des pièces de rechange en quantité suffisante, la formation du personnel et sa motivation. Pourquoi nos autorités n’ont jamais songé à implanter une chaîne de montage de bus pour permettre de maintenir le flux de transport sur les différentes routes de la capitale et la liaison inter urbaine ? Si les taxis, les minibus et les motos taxis n’existaient pas sur les différentes artères de la capitale, le calvaire des citoyens aurait été beaucoup plus sévère.
Bénéficiant de la coopération internationale, notre pays a reçu un premier lot de cent bus avec le gouvernement de consensus. C’est ainsi que naquit la société SOGUITRANS. Au lieu de renforcer et consolider cette société, l’Etat a laissé faire. Et en toute logique, elle a graduellement fait faillite. Privée de subvention, aucune mesure prise pour rentabiliser la gestion, les charges n’étant pas maîtrisées, la suite est connue…
Sur les cendres de la défunte SOGUITRANS, la SOTRAGUI dont le parc nous est gracieusement offert encore une fois, par le biais de la coopération internationale. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, aucune amélioration tangible n’est enregistrée sur les lignes de transport urbain et inter urbain. La SOTRAGUI est confrontée à de sérieux problèmes : impossibilité de remettre en état les bus endommagés lors des manifestations de rue, absence de pièces de rechange pour assurer l’entretien du parc roulant, crise de confiance entre la direction générale et le conseil d’administration dans l’indifférence du gouvernement, gestion opaque des ventes de tickets de transport, recrutement fantaisiste d’un personnel pléthorique, manque de formation des conducteurs. Excusez du peu !
Au fil du temps, la société Albayrak concessionnaire du terminal conventionnel du port autonome de Conakry, prend le relais du transport en commun avec des résultats bien en deçà des attentes. Et le plus extraordinaire dans la problématique des transports en commun dans notre pays, ce sont les effets d’annonce du ministère des transports au sujet de l’arrivée d’une flotte de bus depuis l’année dernière, ainsi que la mise en circulation de taxis.Avecl’espoir de voir la situation s’améliorer, les usagers de la route rongent leurs freins.
Thierno Saïdou Diakité