En prélude au passage de la Guinée au 4e cycle de l’Examen périodique universel (EPU) devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, des organisations de la société civile dressent un tableau sombre des violations des droits humains. Elles font des recommandations à l’Etat, afin d’améliorer la situation des droits humains dans le pays.
Après 2020, la Guinée passera le 29 avril prochain devant le Conseil des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations unies. Mardi 22 avril, à la Maison de la presse à la Minière, la Coalition des ONGs de protection et de promotion des droits de l’Enfant, luttant contre la traite (COLTE/CDE) ont égrené plusieurs violations des droits humains.
A la pré-session tenue en février dernier à Genève (Suisse), la COLTE/CDE a présenté six rapports alternatifs au Système des Nations unies, à des diplomates et autres promoteurs des droits humains à travers le monde, dans le cadre de l’EPU. Les rapports assemblent des cas de violations des droits des enfants, des droits des femmes, des droits économiques et culturels, des droits judiciaires, des droits civils et politiques, ainsi que des recommandations.
Toutefois, les activistes saluent la tenue du procès du 28 septembre, l’adoption de 3 lois sur le Contenu local, la mise en place de l’aide juridictionnelle et la loi fixant les règles de protection des victimes des témoins et des autres personnes à risque.
La Coalition rappelle que depuis 2021, la Guinée connaît une régression en matière des libertés publiques. « Les manifestations pacifiques sont systématiquement interdites, donnant lieu à une répression violente. A ce jour, au moins 44 personnes ont perdu la vie entre juin 2022 et mars 2024, selon les organisations locales. Les restrictions à la liberté d’expression et de la presse se sont multipliées : fermeture de médias, arrestations de journalistes et disparitions forcées, sans enquête crédible », déplore Abdoul Aziz Diallo, membre de la Coalition. Et d’appeler la junte à lever l’interdiction de manifester, de mener des enquêtes indépendantes sur les violences policières, de restaurer les libertés de la presse, mais aussi d’adopter une loi protégeant les défenseurs des droits humains.
Transparence dans les mines ?
La Coalition dénonce des expropriations des terres aux communautés « sans compensation juste », le manque de transparence dans les négociations des conventions minières, la pollution et la dégradation de l’environnement « sans remise en état.» Pour y remédier, les activistes de la société civile exhortent à des consultations préalables inclusives et transparentes avec les riverains avant tout projet minier. Il faudrait aussi finaliser et mettre en œuvre le Référentiel national sur l’indemnisation et la réinstallation des communautés affectées, rendre publics les contrats miniers de manière compréhensible, conformément aux normes de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) et à l’article 18 du Code minier guinéen, y compris le projet Simandou.
Violences contre les femmes
Les VBG (Violences basées sur le genre) atteignent des niveaux alarmants : plus de 80% des femmes y sont exposées et seul 1% des viols sont signalés, relève les activistes. « La stigmatisation, l’absence de protection judiciaire et le manque de structures d’accueil aggravent leur vulnérabilité. À cela, s’ajoutent les mutilations génitales féminines et les mariages précoces : 46% de filles sont mariées avant 18 ans et 95% de femmes excisées », dénonce la Coalition. Et d’inviter les autorités à créer un système de suivi judiciaire des VBG, à garantir des soins gratuits aux victimes, à adopter une loi contre les violences faites aux femmes. Selon la Coalition, plusieurs enfants peinent à accéder à l’éducation, à la santé et à la protection contre les mariages forcés, les mutilations génitales féminines et les violences.
Situation carcérale
Les activistes accusent l’Etat d’opérer des pratiques contraires aux principes de transparence et de gouvernance responsable, ce qui prive les Guinéens des opportunités. Elle pointe aussi la situation critique dans les prisons guinéennes. « Les établissements sont surpeuplés, insalubres et inadaptés à la prise en charge médicale des détenus. Des décès non élucidés, notamment en détention disciplinaire, ont été signalés. Les principes de justice équitable et d’accès aux soins sont bafoués », relève les activistes. Qui invitent les autorités à réduire la surpopulation carcérale via des peines alternatives et de garantir l’accès à des soins médicaux adéquats. La Coalition invite la communauté internationale et le Conseil des droits de l’homme de Nations unis à une « vigilance accrue » sur la situation en Guinée. Elle exhorte le gouvernement guinéen à honorer ses engagements nationaux et internationaux en matière de droits humains.
Yaya Doumbouya