La recrudescence des violences basées en Guinée sur le genre dérange au plus haut niveau. Le garde ses Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Yaya Kairaba Kaba et la ministre de la Promotion féminine, de l’Enfance et des personnes vulnérables, Charlotte Daffé, ont exprimé leur « vive indignation » face la multiplication des violences basées sur le genre enregistrées à travers le pays.
Dans un communiqué conjoint lu dans le journal télévisé de la RTG du 20 avril, les ministres ont cité les cas les plus récents, et ceux qui leur paraissent les plus illustratifs : « Dame Kadiatou Diallo, marchande au Km36, domiciliée à Sanoyah, retrouvée calcinée le 7 avril, dont le principal suspect son époux, est interpellé à la frontière Guinéo-sierra-léonaise dans sa fuite. Dame Oumou Maïga, décédée à Conakry, suite à des violences selon les résultats de l’autopsie, dont le suspect serait son conjoint. L’assassinat de dame Adama Konaté, survenu à Kankan dont l’auteur a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sureté de 30 ans. L’agression violente d’une jeune dame à Kindia, relayée sur les réseaux sociaux qui fait l’objet d’une information judiciaire devant les juridictions dudit ressort. Et l’agression, la nuit dernière (samedi 19 avril Ndlr) d’un groupe de femmes, près de l’école Française de Kipé. Ces évènements tragiques ne sont que la partie visible d’un phénomène préoccupant qui menace la sécurité, la dignité et les droits fondamentaux des femmes et des jeunes filles à travers le monde. » Ajoutant que : « Dans la dynamique de lutter contre ce phénomène grandissant et inquiétant dans notre pays, le ministère de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, entend saisir l’Agent judiciaire de l’État, pour se constituer partie civile dans toutes les affaires en lien avec les violences faites aux femmes et aux personnes vulnérables. Le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, quant à lui, s’engage à faire respecter la loi en veillant à ce qu’aucune impunité ne soit tolérée. Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme ainsi que la ministre de la Promotion féminine, de l’Enfance et des personnes vulnérables appellent les autorités locales, les leaders communautaires, la société civile, les médias et les citoyens, à une mobilisation nationale pour la lutte contre les violences basées sur le genre ».
Précisons que dans la nuit du 19 avril, des jeunes du quartier Kipé, commune de Ratoma, ont entamé une opération de déguerpissement appelée « coup de balai » contre les travailleuses de sexe, s’arrêtant devant le lycée Français. Dans leur « coup de balai », des travailleuses de sexe ont été bastonnées. Les jeunes estiment que la prostitution est devenue un phénomène « envahissant » dans leur quartier.
Appel à « une enquête immédiate » et à des sanctions
Face à ce qu’il qualifie de « barbarie », le Collectif des associations et féministes contre les violences basées sur le genre, indigné, exige des réponses rapides et concrètes de la part des autorités. Dans son communiqué du 20 avril, le collectif dénonce une « double peine infligée à ces femmes, victimes non seulement de violences physiques, mais également confrontées à une stigmatisation sociale constante qui les rend invisibles et vulnérables. Chaque jour, ces femmes vivent dans la peur. Elles n’ont ni droit, ni protection. C’est une violence systémique que nous dénonçons depuis trop longtemps ».
Le collectif appelle l’État à ouvrir « une enquête immédiate », pour identifier et juger les auteurs de ces agressions. Il réclame également un accompagnement psychologique et médical pour les victimes, une campagne nationale contre la stigmatisation des travailleuses de sexe, ainsi qu’une modification des politiques publiques en matière de lutte contre les VBG. « Protéger les travailleuses du sexe, c’est affirmer que la dignité humaine n’est pas négociable ».
Kadiatou Diallo