Mansa Goïpogui, le représentant juridique et fiscal d’Ejico, a comparu devant la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), pour attribution « irrégulière » de marché public. Il rejette en bloc les charges articulées contre Ejico, sans incriminer personne.

Alpha Mohamed Kallo, Ibrahima Tounkara, Maurice Eugène Alecaut, ainsi qu’Afriland First Bank, Ejico et Djoliba Pêche sont poursuivis par l’Etat pour des faits de « détournement de deniers publics, enrichissement illicite, corruption, faux et usage de faux, atteinte à la liberté d’accès et d’égalité des candidats dans les marchés publics et recel. »

La société Ejico aurait été complice de détournement de fric dans le contrat à lui attribué dans le cadre de la rénovation du siège de la Banque nationale d’investissement de Guinée (BNIG). Le coût de la rénovation se chiffre à plus de 18 milliards de francs glissants. Selon le robin, Yagouba Conté, le magot a été « frauduleusement » décaissé des caisses de la BNIG, après  l’attribution « irrégulière du marché de la rénovation du siège de la banque » à Ejico. A la barre, Mansa Goïpogui, le représentant d’Ejico, rejette les accusations, avoue toutefois que sa société a reçu du fric après avoir réalisé les travaux de rénovation. Sans préciser le montant.

Le robin estime que la BNIG a passé le contrat sans appel d’offre, en violation de la loi. « Je ne peux pas m’expliquer là-dessus, il faut que je consulte le fonds du dossier », sollicite Mansa Goïpogui.

Et d’expliquer : « Nous avons été consultés, nous avons fait le travail valablement. Je souhaite que la Cour évalue les travaux et les compare au montant reçu par Ejico. Tous les matériaux étaient importés, les vitres sont blindées. Nous avons fait plus qu’une rénovation, nous avons refait le plan de la BNIG. A l’inauguration, le Président Alpha Condé était content au point qu’il a dit qu’il allait transférer son bureau de Sékoutouréya à la BNIG.»

Ousmane Sanoh, le substitut du pro-crieur, veut en savoir davantage sur la gestion du marché. Le conseiller juridique et fiscal d’Ejico reconnaît avoir été associé à la gestion du marché, « mais pas dans la partie technique du projet. Il y a eu une consultation restreinte avec la banque, on a fait un devis, notre offre a été acceptée. Mais, je ne sais pas s’il y a eu d’autres entreprises soumissionnaires pour le même marché.»

« Avantages indus »

Le robin souligne qu’une entreprise retenue pour un marché public est censée savoir s’il y avait d’autres sociétés soumissionnaires. « Permettez que je consulte le fond du dossier », sollicite, une nouvelle fois, Mansa Goïpogui.

Me Morlus Sylla, l’avocat (sans vinaigrette) d’Ejico, argue que le souci d’une entreprise est de rendre un bon travail, pas de se préoccuper des questions d’attribution de marché. « Nous n’avons rien à nous reprocher », enfonce Mansa Goïpogui.

Yagouba Conté soupçonne Ejico d’avoir offert des avantages indus à Alpha Mohamed Kallo, le dirlo périmé de la BNIG, pour se voir attribuer le contrat. « Nous n’avons pas cette habitude », jure, la main sur le palpitant, Mansa Goïpogui qui n’a, dans ses explications, incriminé personne.  

L’affaire reprendra le 28 mai, pour la suite des débats et la comparution d’Afriland First Bank.  

Yaya Doumbouya