Lors d’une audience à huis clos, ce mercredi 28 mai, la Cour d’appel de Conakry a confirmé la condamnation à deux ans d’emprisonnement pour offense à Mamadi Doumbouya de l’opposant et leader du Mouvement démocratique libéral (Model). Les avocats de la défense se disent déçus et étudient l’opportunité d’engager un ultime recours devant la Cour suprême.

Il est 11h10, ce mercredi 28 mai, quand la fourgonnette prend position devant l’entrée qui mène à la salle d’audience de la Cour d’appel de Conakry. Plus aucune place au doute : Aliou Bah retourne en prison. Deux minutes plus tard, l’opposant sort. Comme à ses habitudes, il brandit le poing de sa main droite. Ses militants et sympathisants, massés dehors, répondent en chœur : prési ! prési ! prési ! Aliou Bah s’engouffre dans la fourgonnette qui démarre aussitôt en trombe, bien escortée par les services de sécurité. Retour à la Maison centrale de Conakry, où l’opposant a pris ses quartiers depuis son arrestation fin décembre dernier à Pamelap, à la frontière avec la Sierra Leone.

Poursuivi pour offense et diffamation à l’encontre du président de la transition, Mamadi Doumbouya, le président du Model avait été condamné à deux ans de prison ferme par le tribunal de première instance de Kaloum, le 7 janvier. Il a relevé appel, espérant une libération ou tout au moins une peine moins sévère. Sauf qu’au cours du procès, en avril dernier, le procureur général Fallou Doumbouya (qui avait aussi contesté le premier jugement) avait requis cinq ans de prison ferme. Les audiences se sont déroulées dans des conditions drastiques, avec l’interdiction dans la salle de téléphones, ordinateurs, enregistreurs et même montres. Si finalement la Cour n’a pas suivi le parquet, elle n’a pas non plus accédé à la demande de relaxe des avocats du prévenu.

Ces derniers se disent déçus de la nouvelle peine. « Nous sortons de la salle d’audience abasourdis, peinés. La Cour vient de confirmer en toutes ses dispositions la condamnation en première instance de M. Mamadou Aliou Bah. C’est un moment très pénible pour nous. On ne s’attendait pas à cela, la décision est tombée tel un couperet. La Cour s’est contentée de confirmer la décision en première instance alors qu’elle avait l’obligation de rejuger l’affaire, c’est la raison de sa saisine », réagit Me Houleymatou Bah, avocate d’Aliou Bah.

« Il est vrai que la juge n’a pas suivi le procureur général qui avait demandé cinq ans. Nous pensons qu’il y a eu un grand travail à la Cour d’appel qui aurait mérité d’être examiné, pour revoir l’ensemble des dispositions de la décision rendue en première instance. Tel n’a pas été le cas. Nous nous concertons pour redéfinir la stratégie à suivre. Nous restons à l’écoute de M. Aliou Bah », renchérit Me Galissa Hady Diallo, un autre avocat de la défense. Il revient donc au condamné de se pourvoir en cassation ou non devant la Cour suprême.

Diawo Labboyah