Elle traîne, l’enquête préliminaire dans le dossier des crimes de sang engagée contre les dignitaires du régime Alpha Condé en janvier 2023. Aucune perspective pour la continuité de la procédure. Maitre Thierno Souleymane Baldé, avocat des victimes à l’origine de la plainte, met la pression. Récemment, il a adressé des lettres aux autorités de la transition (Présidence, Primature, ministères de la justice et du budget) en vue de leur implication, afin que le dossier soit jugé.

Bien qu’une centaine de victimes et des mis en cause (anciens dirigeants) ont été auditionnées, Me Baldé souhaite que l’enquête préliminaire soit bouclée, le plus vite possible. « Nous espérons qu’ils vont s’impliquer d’avantage, pour nous permettre de transférer le dossier au niveau du parquet de Dixinn », s’est-il confié. Même s’il se dit satisfait par rapport  au nombre de parties civiles auditionnées, l’avocat voudrait que l’Etat mette les moyens, pour que les victimes essentiellement venues de Conakry, Dubréka et Coyah, soient entendues. Il justifie sa demande, parce que selon lui, les officiers de police judiciaire ayant en charge de mener l’enquête préliminaire n’ont pas bénéficié d’un budget pour leur permettre de faire leur travail. « Prenons juste le cas de la logistique, il faut nécessairement des ordinateurs, des imprimantes, des papiers rames, la restauration, le transport, etc. C’est en fait des dépenses incompressibles, pour permettre l’avancement normal de l’enquête préliminaire. Jusqu’à ce stade, c’est moi en personne et le chef des OPJ qui assumons ces questions logistiques. C’est la raison pour laquelle il y a une demande au niveau des autorités pour obtenir un montant minime soit-il, pour leur permettre de faire face à la logistique. Pour l’instant, il n’y a pas eu de solution satisfaisante. Nous pensons que s’il y a une volonté politique, avec l’implication de la présidence, ces questions peuvent être facilement résolues, puisque ce ne sont pas des montants assez importants ».

Maitre Baldé est conscient qu’il est difficile de faire évoluer le dossier à cause de son aspect politique, mais il se dit déterminé à veiller à ce que la procédure se déroule de manière efficiente, dans le respect strict des dispositions légales du pays. Est-il optimiste par rapport à l’évolution du dossier ? « Nous observons les actes, nous ne pouvons pas nous permettre de nous poser n’importe quelle question par rapport à l’aboutissement de cette procédure. Parce que, quels que soient les difficultés, les obstacles, nous ferons tout ce qui est de notre pouvoir pour veiller à ce que justice soit rendue aux victimes. Maintenant, s’il y a une implication des autorités de la transition, nous savons que cela pourrait faciliter la conduite normale de la procédure judiciaire enclenchée le 20 janvier 2023. Mais nous savons que dans ce genre de dossier, il n’est pas facile d’obtenir un résultat dans un délai raisonnable. »

Durant les 11 ans de règne d’Alpha Condé, plusieurs centaines de jeunes ont été tués par balles, lors des manifestations politiques. Les enquêtes annoncées n’ont pas abouti à l’identification et à la condamnation des coupables. De Zakariaou Diallo, première victime le 3 avril avril 2011 à la dernière lors des élections controversées d’octobre 2020, de nombreux citoyens ont été assassinés pour des motifs politiques. La justice se fait encore attendre.

Mamadou Adama Diallo