Au lendemain des indépendances, les jeunes États africains, à la croisée des chemins, ont cherché à se rapprocher les uns des autres, sur la base des solidarités naturelles et des convictions politico-économiques, afin de favoriser le bien-être de leurs populations. A cet effet, deux blocs se sont constitués : le groupe de Casablanca et celui de Monrovia. Après s’être un moment combattus, chacun défendant sa chapelle, les deux groupes ont estimé qu’il valait mieux mutualiser leurs efforts pour atteindre leurs objectifs communs.
C’est dans cette perspective que les 32 États africains souverains ont décidé de se réunir le 25 mai 1963 à Addis-Abeba, en Éthiopie pour créer l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). L’organisation avait pour mission « de renforcer l’unité et la solidarité des États africains, de défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de ses membres, et d’accélérer l’intégration politique et socio-économique du continent ».
Si l’intégration socio-économique a enregistré des résultats certains (créations d’espaces économiques régionaux efficaces, telles que la CEDEAO et la CEMAC), il n’en a pas été de même quant à la solidarité et l’intégration politique, où les acquis sont mitigés. Les multiples querelles de clocher, voire les conflits armés entre États voisins témoignent de cette situation. Toutefois, la lutte pour la décolonisation et contre l’Apartheid a été plus efficace. Face à ces réalités, les chefs d’État africains ont conclu à la nécessité de rénover l’organisation continentale. Ils se sont retrouvés en juillet 2002, à Durban, en Afrique du Sud, pour passer de l’Organisation de l’Unité Africaine à l’Union Africaine.
Cette nouvelle communauté vise à accélérer l’intégration politique, économique et sociale du continent, à promouvoir la paix et la sécurité, et défendre les intérêts africains sur la scène internationale. L’UA vise également à renforcer la démocratie, les droits de l’Homme et le développement durable en Afrique. L’un des principaux acquis de l’UA est le Protocol d’accord sur la démocratie et la bonne gouvernance. Ce document juridique vise à renforcer la démocratie et la bonne gouvernance sur le continent africain. Il établit des principes clés, tels que la démocratie participative, l’État de droit, la transparence et la lutte contre la corruption. Il stipule l’interdiction de tout changement anticonstitutionnel, ainsi que tout mode non démocratique de maintien du pouvoir. Il encourage les États membres à respecter les principes démocratiques, notamment les élections libres et justes, le pluralisme politique et le respect des droits de l’Homme. En résumé le Protocol additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance est un outil essentiel pour la construction d’une Afrique plus démocratique, plus stable et prospère.
En dépit de toutes ces bonnes dispositions et des efforts incontestables des chefs d’État, les progrès de l’UA vers l’atteinte de ses objectifs restent encore faibles, notamment en ce qui concerne la démocratie et la bonne gouvernance. Aussi, des guerres dévastatrices opposent des États çà et là. En maints endroits du continent, la pauvreté avance au lieu de reculer.
Abraham K. Doré