En plénière le mardi 27 mai, le Conseil national de la Transition a adopté cinq conventions stratégiques sur les secteurs de l’énergie, de l’administration, de l’agriculture, de l’environnement et de l’éducation. Il s’agit de projets qui s’inscrivent dans une dynamique de transformation structurelle du pays.

La plénière s’est ténue en présence de plusieurs membres du gouvernement dont le ministre secrétaire général à la présidence, le Général Amara Camara et celui de l’Education nationale et de l’alphabétisation, Jean-Paul Cédy, des membres du CNRD et du corps diplomatique.

La délibération a débuté par la ratification de la convention de financement pour la construction, sur la Cité administrative de Koloma, d’un complexe de 12 bâtiments de type R+7: deux parkings, un auditorium, un théâtre de 500 places, un centre de conférences et un pavillon « héritage ». Le projet coûtera 284 millions d’euros, financé à part égale par Uinited Kingdom Export Finance, Deutsche Bank et Standard Chartered Bank. Contre une contribution de la Guinée à hauteur de 10 millions d’euros (10 %). 

L’objectif est de regrouper les services ministériels hors du centre-ville de Kaloum, moderniser les conditions de travail de l’administration et réduire les charges locatives de l’État, évaluées à plus de 20 millions d’euros par an. Avant de l’adopter, le CNT a formulé des recommandations : exonération de loyer pour les ministères, gestion exclusive par le Patrimoine bâti public, intégration de services collectifs, accessibilité optimale, viabilisation du site et transfert de compétences aux Guinéens.

Mix énergétique durable

L’avenant n°5 de la convention de concession de la centrale solaire de Khoumaguéli (40 MW) a été également adopté lors de la même pléinière. Le projet BOT (Build, Operate and Transfer), d’un coût de 60 millions d’euros, prévoit l’installation près de Linsan (région de Kindia) de 85 000 panneaux solaires sur 80 hectares, raccordés au réseau électrique national via la ligne Garafiri–Conakry. Il traduit la volonté du gouvernement à renforcer le mix énergétique, accélérer la transition vers les énergies renouvelables.

Néanmoins, le CNT a souligné plusieurs griefs : absence de clause de flexibilité tarifaire, utilisation d’une loi BOT abrogée au lieu du cadre PPP, manque de garanties sur la qualité des installations. Il a recommandé l’électrification des zones riveraines, l’implication de l’AGER, Agence guinéenne d’électrification rurale, et l’évaluations de performance.

Autosuffisance alimentaire ?

Autre convention adoptée, le projet avicole signé le 16 août 2024, avec Fermav Industrie SASU, du groupe SONOCO. L’objectif est de développer une filière avicole intégrée capable de produire 15 millions de poulets de chair par an, avec l’appui technique de NTD France et un financement structuré par BPI France.

L’investissement direct est estimé à 65 millions de dollars, avec un apport indirect de 85 millions USD via le soutien de 294 fermes rurales communautaires. Ce programme a pour but de réduire la dépendance aux importations de viande de volaille et la création d’emplois ruraux. Le CNT a recommandé l’assurance des intrants agricoles, le soutien aux jeunes et aux femmes agriculteurs, l’électrification des sites, la régulation des importations avicoles et une cartographie précise des fermes partenaires.

Éducation

Le quatrième texte ratifié le 27 mai par le CNT a porté sur un mémorandum d’entente signé avec l’Arabie Saoudite le 23 janvier 2023, dans les domaines scientifique et éducatif. Il prévoit la création d’un Institut de langue arabe en Guinée, la reconnaissance mutuelle des diplômes, ainsi que l’échange de logiciels, de publications et de documents. Sur ce projet, des réserves ont été exprimées sur le respect de la laïcité, l’absence du domaine médical et le manque de précisions juridiques. Cependant, le CNT a approuvé le texte, y voyant une opportunité de renforcer les capacités académiques et l’ouverture internationale de la Guinée.

Quid de la mangrove ?

La dernière convention était axée sur l’adhésion de la Guinée au Centre international de la mangrove (CIM), basé à Shenzhen (Chine), lancé à l’initiative de la Chine lors de la COP14 de la Convention de Ramsar. Ce Centre vise à promouvoir la gestion durable des mangroves à travers la coopération scientifique et la mise en œuvre de projets concrets.

Face à la dégradation des mangroves guinéennes (passées de 250 000 ha à 182 000 ha), le CNT y voit « un pas décisif en faveur de la résilience écologique et alimentaire des zones côtières ». Il a recommandé l’interdiction d’exploitation du bois de mangrove, l’application des lois environnementales et l’introduction de modules d’éducation environnementale dans les écoles.

Avec l’adoption de ces cinq textes, le CNT dit vouloir promouvoir un développement endogène, préserver les ressources naturelles, renforcer la gouvernance publique… 

Abdoulaye Pellel Bah