Le procès de Mohamed Diané a repris le 8 mai devant la Chambre des appels de la Cour de répression des infractions économiques et financières. L’ex tout puissant ministre de la Dépense et des Affres pestilentielles a encore rejeté les accusations d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux.

Outre l’accusation de détournement de deniers publics portant sur plus de 500 milliards de francs glissants, les débats ont une nouvelle fois tourné autour des biens du ponte du RPG, Mohamed Diané. Le prévenu a notamment été interrogé par le mystère public sur des écoles privées à Kankan et à Conakry : « Je n’ai d’écoles ni à Conakry ni à Kankan, encore moins ailleurs », balaie-t-il. Le pro-crieur spécial près la CRIEF s’est aussi intéressé à la ferme avicole du prévenu à Kankan. Aly Touré estime que Mohamed Diané l’a acquise de façon illicite. Le prévenu réfute : « Je suis rentré en Guinée après mes études, avec à peu près 50 000 dollars américains…J’ai acquis cette ferme en 2007. En 2015, elle avait 12 000 pondeuses pour environ 200 alvéoles par jour. »

Diané, un SDF à Conakry ?

Mohamed Diané a également été amené à s’expliquer sur une liste d’immeubles à Conakry qui lui appartiendraient. L’ex-ministre jure n’être propriétaire du moindre immeuble dans la capitale : « J’ai tiré la leçon de ce qui s’est passé ici en 1984 [chute du régime du PDG, ndlr]. Tout ce que je fais, je le fais chez moi. Conakry, c’est chez tout le monde. Dès que je quitterai ici, je rentrerai chez moi. » Le prévenu invite la partie civile à prouver ses accusations : « Vous avez sorti une liste de 6 immeubles, montrez en la preuve. Moi, je sais que je n’ai aucun immeuble ici. »

La partie civile, convaincue que le prévenu cache ses biens sous des prête-noms, sollicite la comparution de la femme et des enfants de Mohamed Diané. Elle estime que ceux-ci ne peuvent pas prouver que ces biens leur appartiennent : « Ce sont des prête-noms. Ils doivent venir expliquer comment ils ont acquis ces biens. Ce n’est pas un acharnement, c’est pour la manifestation de la vérité. Le prévenu argue que ses enfants sont majeurs et travaillent. Nous voudrions qu’ils viennent expliquer l’origine licite de leur fortune », déclare maître Pépé Antoine Lama, avocat de la partie civile. L’avocat (sans vinaigrette) demande à la Cour d’ordonner aussi la comparution de tous ceux qui se réclament propriétaires des biens saisis par la justice, suspectés d’appartenir au prévenu. Il souhaite également qu’une enquête soit ouverte pour déterminer à qui sont la résidence du prévenu et un immeuble à la SIG-Madina.

Pour la défense, la partie civile cherche à noyer le poisson. Me Almamy Samory Traoré fait remarquer que ni la femme ni les enfants de Mohamed Diané « ne sont utilisés comme des prête-noms. C’est une contrevérité, le jugement en instance en fait foi. Les biens de sa femme et de ses enfants ne figurent ni dans l’ordonnance de renvoi ni dans le jugement querellé. »

Pour ce qui est du chef d’inculpation de blanchiment des capitaux, Mohamed Diané se dit confus : « Il n’y a aucune précision par rapport au montant que j’ai blanchi, comment et dans quel domaine. Je n’ai blanchi aucun fonds. »

Le juge, Daye Mara, rejette finalement la comparution de la femme et des enfants du prévenu. Il ordonne par contre celle de Faya Tolno de la Direction de l’Aménagement du territoire et de l’urbanisme, du représentant de la société Diawné et frère, de la Sogefel (Société générale Fella, soupçonnée d’être une entreprise écran de Diané) que dirige Sékou Kaké, et renvoie l’affaire au 22 mai prochain. 

Yacine Diallo